INCIVISME ROUTIER DANS LE MACKY

INCIVISME ROUTIER DANS LE MACKY

Dis-moi comment tu (te) conduis, je te dirai qui tu es !

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L’exception sénégalaise :

Il est de bon ton de considérer le Sénégal non pas comme un pays à part entière, mais comme un pays entièrement à part.

Ainsi, les problèmes qui ont trouvé des solutions pérennes à travers le monde font ici l’objet de débats sans fin. C’est le cas de la circulation routière qui, fruit de l’urbanisation galopante et de l’émergence des classes moyennes, draine quotidiennement des torrents de véhicules dont la logique de fonctionnement défie le bon sens et illustre la théorie des rats :

- Isolés, ce sont des animaux sans histoires,

- Mis en communauté, ils laissent apparaître des signes d’organisation, voire d’intelligence,

-Plus ils se reproduisent, et plus cette organisation se perfectionne, jusqu’au seuil de surpopulation où ils s’entre-dévorent, revenant à l’état sauvage.

Le principe de base sur lequel se fonde la mobilité routière est que la route appartient à tout le monde, et elle doit être partagée en responsabilité, chacun prenant soin de l’outil et de son environnement. Il semble qu’au Sénégal, nous ayons pris le parti de considérer que la route n’appartient à personne, dès lors chacun y fait ce qui lui plait, en toute impunité.

Et ceux qui sont sensés veiller à l’harmonie du système sont souvent les premiers à lui porter des coups, soit par un usage abusif de leurs prérogatives, soit par une démission face à leurs responsabilités.

Les 10 péchés capitaux :

Le catalogue des « bonnes pratiques » est quasiment sans limite :

-La voie : On choisit son couloir selon sa sensibilité politique, donc majoritairement à gauche, et en changer reviendrait à se renier. Plutôt crever ! En revanche, s’il y a quelque espace ou intérêt à glaner à droite, on peut s’autoriser une incursion furtive, quitte à se rabattre sur un innocent ;

-La vitesse : Elle est définie par l’état d’esprit du conducteur sans tenir compte du panneautage et de son environnement. Cette remarque concerne particulièrement ces conducteurs de transports en commun âpres au gain, qui n’hésiteraient pas à rouler sur plus petit qu’eux pour gagner un client ;

-Les passages piétons : Purement décoratifs, zones à risques par excellence car si un conducteur averti s’arrête pour vous laisser passer, attention au crétin de service qui va accélérer et voyant un espace vide, fauchera sans états d’âme cette personne âgée ou cet enfant qui ne se doutait pas qu’on pouvait croiser aussi bête et méchant par une si belle journée ;

-Les distances de sécurité : sacrifiées depuis belle lurette au profit de l’aspiration, supposée réduire la consommation et faire gagner du temps. A vouloir chasser le dernier centimètre, en ville comme sur autoroute, le moindre écart ou ralentissement se transforme en carambolage ;

-La priorité aux intersections : Le casse-tête par excellence entre la priorité à droite, la voie à grande circulation et l’avantage donné sur les rond-points au véhicule déjà engagé. La confrontation donne droit à une guerre des nerfs où celui qui a la priorité avance à pas feutrés, parce que celui qui doit lui laisser l’avantage continue d’avancer insidieusement, fermant l’angle jusqu’au point de contact. Il serait tellement plus simple de marquer son intention de laisser l’avantage quelques mètres avant l’intersection en ralentissant clairement, et s’arrêter à la ligne blanche qui la délimite…

-Le téléphone au volant : Les sénégalais seront comblés le jour où une application leur permettra de conduire leur véhicule à partir de leur smartphone. On a beau leur dire que l’hémisphère du cerveau qui gère la conversation téléphonique est le même que celui qui gère la conduite et qu’entre conduire et téléphoner, il faut choisir, ils restent convaincus d’être assez brillants pour combiner les deux. Résultat des courses, chaque fois que vous voyez une voiture quitter sa ligne ou décrocher sa vitesse sans raison apparente, regardez à l’intérieur, vous y verrez un écran allumé et un conducteur en train de « régler des problèmes », au risque de vous en créer…

-Le sens giratoire : Pourquoi diable faire le tour d’un rond-point pour prendre la bretelle à gauche alors qu’elle nous tend les bras, Quitte à se trouver nez-à-nez avec ceux qui arrivent dans le bon sens ? La question reste sans réponse…

-L’arrêt et le stationnement : Ce qui restait la spécialité des taxis a basculé dans le tronc commun : rétroviseur, clignotant et feu de stop sont ravalés au rang d’encombrants, on s’arrête où et quand on veut, sans préavis, et comme en cas d’accident, celui qui est derrière est déclaré fautif pour n’avoir pas respecté la distance de sécurité, la messe est dite. Sauve-qui-peut ;

-La conduite sous la pluie : quelle pluie ??? Les voitures et les conducteurs étant étanches, on ne change rien, ni la vitesse, ni les distances de sécurité, pas même les essuie-glaces ;

-La conduite de nuit : Voir et être vu présuppose des phares bien réglés, utilisés en mode « feux de croisement » alias feux de code. Dans la pratique, et surtout sur route non éclairée et autoroute, il est de bon ton de rouler en phares, surtout si on est au volant d’un 4x4 surélevé afin qu’aucun détail de la route ne nous échappe, au risque d’éblouir ceux qui nous précèdent ou nous croisent.

N’en jetez plus, la coupe est pleine… Enfin, non !

Car il y a ces policiers qui règlent la circulation téléphone en main, laissant filer sous leurs aisselles un essaim de scooters et motos lestés de 3 équilibristes sans casque ni masque, qui se paient le luxe de brûler un feu rouge et une priorité dans l’indifférence générale, car se croyant exemptés de code ;

Sans oublier cette gestion fantaisiste de la circulation par la maréchaussée, qui s’éclate en libérant en simultané et non en alternance deux files de voitures opposées, qui ont la ferme intention de se croiser ET de se contourner – méli -mélo garanti ;

Et ces piétons qui débarquent sur le macadam sans crier gare, téléphone à l’oreille, en tournant le dos aux véhicules, s’en remettant à leur bonne étoile à défaut de couverture médicale.

Voilà comment un pays de Droit devient un pays de non-Droit.

La politique de contournement :

Ce capharnaüm est le triste résultat d’un anticonformisme congénital et contagieux, car les étrangers vivant au Sénégal, toutes origines confondues ont vite fait de se dépouiller de leur discipline acquise pour prendre le pli local comme s’ils l’avaient tété au biberon.

Preuve s’il en est que la discipline n’est pas innée, mais le fruit d’un conditionnement.

Dans un système normé, un accident est un incident survenu alors que tout a été fait pour l’éviter, il constitue donc par définition l’exception. Au Sénégal, au regard de l’état général des véhicules et du comportement des usagers de la route, l’accident constitue la règle, la suite logique de comportements erratiques répétés par des serial-gaffeurs. Rentrer chez soi sans une éraflure ou une aile défoncée relève du miracle quotidien.

Comment en est-on arrivé là ? Probablement par notre incapacité à s’autoévaluer, notre goût immodéré pour l’autosatisfaction, et cette conviction d’être plus malins que tous les autres peuples réunis, au point de trouver des parades « innovantes » à tous les problèmes classiques :

-Les automobilistes empiètent sur le bas-côté, transformant une 3 voies en 5 voies ? On met des trottoirs infranchissables. Résultat, plus de voies de dégagement, la moindre panne ou le moindre accrochage se traduit par 30 minutes de bouchons, puisque même les gendarmes et les secours ne trouvent pas d’accès aux lieux des sinistres ;

-Les rond-points sont des goulots d’étranglements ? On construit des ponts et des tunnels afin de supprimer les points de croisement, mais on laisse des centaines de marchands ambulants transformer une voie rapide en marché aux souks où on s’arrête pour négocier les prix ou attendre sa monnaie, annulant de ce fait des milliards de francs cfa d’investissements.

Pourtant, une rapide comparaison avec des pays candidats à l’émergence comme le Sénégal tels que le Ghana, le Rwanda, le Cap-Vert et le Botswana permettrait de comprendre que les solutions aux problèmes complexes sont souvent simples, et reposent avant tout sur une volonté politique inflexible, l’éducation des populations afin d’atteindre une masse critique de citoyens conformistes, et le refus de solutions en trompe-l’œil proposées par les bailleurs toujours prêts à vendre leur expertise à prix d’or, moyennant des montages financiers complexes « d’aide liée » qui au final, remontent l’essentiel de la ressource financière à la source sous forme de sociétés concessionnaires, honoraires de consultants et de formateurs, licences d’exploitation et tutti quanti.

La solution est en nous, individuellement et collectivement, à travers le retour à une conduite vertueuse et responsable, reflet d’une citoyenneté conquérante.

Le retour aux fondamentaux du code de la route :

Langage commun à l’ensemble des citoyens de ce monde, le code international de la route a été conçu pour prévenir toutes sortes de conflits entre les usagers, grâce à un catalogue de règles de conduite à appliquer sans interprétation, afin d’éviter les incompréhensions sources d’accidents.

La version francophone conçue par ce cher Monsieur Rousseau, pas celui de l’Encyclopédie, l’autre, est un best-seller sur lequel le temps n’a pas de prise, et qui a rendu service à des millions d’usagers.

Tout conducteur est supposé le maîtriser suite à un processus de formation en auto-école sanctionné par l’obtention d’un permis de conduire.

Dès lors, comment admettre que sitôt le permis obtenu, ces conducteurs reviennent à l’état primitif, sans foi ni loi ?

De même que les excès de vitesse ont été résolus par les radars et l’alcool au volant a été jugulé par l’alcootest, l’incivisme routier sera neutralisé par un dispositif répressif basé sur la force de la Loi et la pédagogie.

Ainsi, il convient de rétablir le code de la route dans ses prérogatives :

-Par une formation de mise à niveau des agents de police, de gendarmerie, les ASP et agents communaux afin de lever toutes les ambiguïtés quant à l’application de la réglementation routière ;

-La même démarche devra être menée auprès des entreprises de transport public et privé : taxis, bus, camions, des entreprises à flotte de véhicules lourds, ainsi que des corps d’élus et d’élite : gouvernement, députés, élus locaux, ordres des professions libérales, groupements professionnels d’employeurs et de travailleurs ;

-Par une campagne nationale de sensibilisation aux enjeux de la citoyenneté routière via la télévision, les radios, journaux et presse en ligne, les écoles, lycées et universités, à travers des spots didactiques et des tutoriels quotidiens afin que nul n’ignore les fondamentaux de la sécurité routière,

-Par une application stricte du code de la route, avec identification rigoureuse et impartiale des infractions, suivie d’une application sans complaisance des sanctions prévues par la loi, dans un souci permanent de pédagogie, de sensibilisation et de responsabilisation.

Et que l’on ne nous divertisse pas avec le spectre du permis à points, ce sera encore une fois l’occasion de nous refiler une technologie importée coûteuse et contre-productive, à l’image du défunt visa de tourisme. De toutes façons, la modicité des contraventions ne permettrait pas de rembourser l’investissement, et la multiplication débridée des conducteurs sans permis deviendrait vite une équation sans issue pour nos autorités.

D’autant que dans ce pays où chacun est à la recherche d’un parent bien placé en politique, dans l’administration ou dans les confréries pour lui régler ses problèmes, quitte à fouler les règlements du pied, les règles communautaires priment sur les règles de la République.  

Voilà comment un pays de non-Droit devient un pays de passe-Droit.

Ainsi donc, la solution devrait être recherchée dans la transition numérique, à travers :

-La généralisation des caméras de surveillance du trafic automobile, avec identification automatisée des infractions, couplée à la vigilance des agents de la circulation, et transmission des contraventions via les smartphones pour un paiement par transfert d’argent ;

-L’informatisation des permis de conduire incluant l’historique des infractions constatées, et un lien avec le téléphone personnel du conducteur afin d’assurer une bonne traçabilité ;

-L’élaboration d’une échelle des infractions avec des sanctions appropriées : pécuniaires pour les premières commises, puis assorties de travaux d’utilité publique : aide à la circulation urbaine avec la police, séances de sensibilisation dans les écoles ou nettoyage des rues avec les équipes de l’UCG.

Et en cas de conduite sans permis suite à un retrait pour multirécidive, incarcération en commissariat de police pour 24 heures, et plus si affinités.

Afin que cesse le règne de l’irresponsabilité et de l’impunité.

Dieggelou xeewina : l’appel à la responsabilité :

La manière dont on se conduit sur la voie publique est le reflet du niveau d’éducation et/ou de répression des citoyens. Il n’est donc pas étonnant que les pays scandinaves, du fait de leur haut niveau de citoyenneté, soient des modèles en matière de prévention et de responsabilité routière qui s’appuient sur des principes accessibles à tous : prévisibilité, bienveillance, courtoisie et responsabilité :

-On respecte les infrastructures, le mobilier urbain et l’environnement (voitures, piétons) ;

-On respecte son prochain et partage la route en bonne intelligence (bien commun) ;

-On annonce ce qu’on va faire (arrêt, ralentissement, changement de direction) et on s’y tient ;

-On s’abstient d’interpréter le code de la route, source de malentendus, pour une application stricte ;

-On s’assure et adopte un comportement responsable en toutes circonstances : on casse, on paie !

Le Sénégal pourra prétendre être sur la rampe de l’émergence le jour où ses citoyens auront intégré le fait que leur attitude au quotidien, notamment sur la voie publique, est le reflet de leur prise de conscience de leurs droits et leurs devoirs. Elle traduit leur capacité à vivre en société en bonne intelligence, avec un objectif commun tendant vers un développement durable.

Aussi longtemps que chacun continuera de suivre ses bas instincts, convaincu d’être soit intouchable, soit insolvable, nous continuerons à être guidés par des comportements irresponsables ponctués par ce sempiternel mot d’excuse « mangui dieggelou » qui résume à lui-seul l’incurie de notre société du « maslaa ».

Il est grand temps que les citoyens aient des actes au quotidien en accord avec leur éthique afin d’assumer ici-bas les conséquences de leurs turpitudes, ce qui ne les empêchera pas d’en répondre lors de leur jugement dernier.

Coach Barma

credo.sn@gmail.com

La RSE : une démarche bien plus complexe qu'il n'y paraît

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La RSE : une démarche bien plus complexe qu'il n'y paraît

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Wally Ndiaye est project manager chez Square, et consultant en stratégie et organisation des banques et compagnies d'assurances

Wally Ndiaye est project manager chez Square, et consultant en stratégie et organisation des banques et compagnies d'assurances

Publié par Wally Ndiaye - groupe Square le 11 sept. 2020 

La RSE est dans l'air du temps et encore plus en cette période post-confinement où l'on envisage de redémarrer la vie économique sur des bases éventuellement plus solidaires et/ou durables.

Paradoxalement, la RSE demeure floue dans les esprits quant à sa définition, ses moyens et sa légitimité. Mettre en oeuvre une démarche de RSE c'est, en amont, mettre en place toute une organisation dédiée à l'exécution d'une politique globale, s'inscrivant sur un horizon de 3 à 5 ans, composée de sous-politiques sociale, sociétale et environnementale rigoureusement pilotées et évaluées par une gouvernance ad hoc, loin des clichés réducteurs limitant la RSE à des initiatives isolées et spontanées.

Les enjeux d'une politique RSE bien plus larges que les simples idées reçues

Contrairement aux idées reçues, le terme RSE ne veut pas dire Responsabilité Sociale d'Entreprise comme son nom pourrait le faire croire en anglais (CSR pour Corporate Social Responsability) et comme on pourrait l'entendre encore à ce jour. Si la notion de RSE recouvre les mêmes principes que la CSR anglo-saxonne, sa signification est, en français, Responsabilité Sociétale d'Entreprise. Aussi traite-telle de trois volets : un volet sociétal, un volet environnemental et un volet social faux-ami du mot anglais " social ".

Le mot sociétal désigne l'ensemble des engagements en faveur du développement durable (impact territorial, économique et social de l'activité de l'entreprise), des relations entretenues avec les personnes ou les organisations intéressées par l'activité de la société, la gestion responsable de la sous-traitance et des relations fournisseurs. L'environnemental concerne la politique générale de l'entreprise en la matière, la pollution et gestion des déchets, l'utilisation durable des ressources, la prise en compte du changement climatique (empreinte carbone), la protection de la biodiversité. Le social enfin désigne tout ce qui a trait à l'emploi, l'organisation du travail, les relations sociales, la santé et la sécurité, la formation, l'égalité de traitement, le respect des conventions de l'Organisation Internationale du Travail (OIT).

Une démarche incitée

Pour aller plus loin dans la compréhension, il est pertinent d'appréhender les enjeux de la matière au travers de ses cadres de référence : son cadre réglementaire et légal et ses différents référentiels (1).

Si la RSE est une démarche d'entreprise largement volontaire jusqu'à ce jour, il existe quand même un cadre réglementaire et légal qui oblige et incite à mener des actions responsables. Ces dernières sont relatives notamment aux obligations à respecter les normes environnementales en vigueur (écotaxes, subventions des énergies renouvelables), mais aussi aux incitations fiscales à mener des actions de soutien à l'économie française (exemple : réduction d'impôt pour les investissements dans les PME, au travers des Fonds Communs de Placement dans l'Innovation ou des Fonds d'Investissement de Proximité).

Lire aussi Impact : ces entreprises qui changent le monde

Une démarche normalisée, organisée et pilotée

La RSE volontaire et désintéressée (financièrement parlant) est celle qui nous intéresse ici. Elle dispose d'un cadre de référence propre dont les éléments les plus connus sont : le Pacte Mondial des Nations-Unis relatif au Développement durable (UN Compact), la Global Reporting Initiative (GRI), la norme ISO 26000, les guides de reporting RSE dont celui du Medef et les labels responsables (ex : labels dits " verts ").

Prenons ainsi l'exemple d'une démarche RSE rigoureusement menée au sein d'une entreprise pour être plus explicite. Sur le volet social une démarche RSE pourrait mettre en place un ensemble d'actions en faveur de son personnel tel que des congés second parent de cinq semaines, l'autorisation illimitée du télétravail et adopter une culture d'essaimage et d'entrepreneuriat. Sur le volet environnemental, une démarche RSE crédible évaluerait le bilan carbone de son activité dans un rapport ad hoc réalisé par un expert et tiers indépendant. Enfin sur le volet sociétal, on pourrait envisager par exemple le financement et/ou l'accompagnement de demandeurs d'emploi ou de travailleurs en difficultés financières et ce surtout en cette période post-crise sanitaire.

Enfin, l'évaluation de la démarche RSE est fondamentale. Elle donne à cette dernière toute sa légitimité. C'est alors qu'intervient un acteur incontournable de la " chaine de valeur " venant attester de la réalité des informations communiquées dans les rapports RSE fournis par l'entreprise : un tiers indépendant(2) accrédité par le Comité français d'accréditation (Cofrac), unique instance nationale d'accréditation. Cette évaluation se fait sur la base d'un grand nombre d'indicateurs de performance dûment analysés pour chacun des 3 volets de la matière.

Vous l'aurez compris, la RSE n'est donc pas qu'un " simple " projet humanitaire ou un ensemble d'engagements écologiques isolés mais bien une politique globale à moyen et long terme comprenant de sérieuses sous-politiques sociale, sociétale et environnementale pilotées via des indicateurs de performance et évaluées par un tiers de confiance indépendant et accrédité. Autrement, il conviendrait de parler de bonnes oeuvres mais pas de RSE. Une gouvernance est à mettre en place afin d'élaborer puis d'implémenter une politique RSE.

Si la notion de RSE n'est pas encore bien maîtrisée du grand public, malgré son impact de développement durable reconnu de tous, cela est sans doute dû à son caractère non obligatoire pour toutes les entreprises à ce jour : seules sont concernées les sociétés cotées, les sociétés anonymes et les sociétés en commandite par actions dont le total de bilan ou le chiffre d'affaires est au minimum de 100 millions d'euros et dont le nombre moyen de salariés est au moins de 500.

Demain, toutes les entreprises seront incitées positivement à la responsabilité sociétale, toutes seront familières à cette vision partagée, la société se transformera progressivement devenant, ainsi, plus solidaire.

(1)Sources : Formes de régulation et d'intervention en matière de RSE, Université de Lille 1, Bruno Boidin ; Labels environnementaux, ADEME, https://www.ademe.fr/labels-environnementaux ; Reporting RSE, Les nouvelles dispositions légales et réglementaire, Mouvement des Entreprises de France, Mai 2012

(2)Il est cependant possible d'être accrédité par d'autres organismes européens.

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La RSE souffrirait-elle encore d’idées reçues ?

23/septembre/2020

Quand beaucoup pensent bien connaitre la RSE, en réalité elle demeure encore floue dans les esprits quant à sa définition, ses moyens et sa légitimité. Trois illustrations de clichés à ce sujet : – Une entreprise qui participe à des actions humanitaires (quel qu’en soit le volume de sa générosité) ne s’inscrit pas nécessairement dans une démarche RSE – Une fondation menant des activités de mécénat n’est qu’un instrument RSE ne garantissant pas, lui-seul, la légitimité des actions RSE engagées – Instaurer et exécuter une politique « d’Engagement écologique » n’est qu’une composante d’une politique RSE plus globale.

Essayons de dissiper ici le trouble autour de cet acronyme en commençant par en rappeler sa définition. Le terme RSE signifie Responsabilité Sociétale d’Entreprise et non Responsabilité Sociale d’Entreprise comme son nom pourrait le faire croire en anglais CSR (Corporate Social Responsability). Mais ces trois lettres sont encore réductrices de sens puisqu’il s’agit de Responsabilité Sociétale, Sociale et Environnementale d’Entreprise. Le terme RSE aurait pu être substitué par « RSSEE » pour être plus explicite.

Avant d’aller plus loin dans nos propos, peut-être est-il bon de relever que la responsabilité de l’entreprise n’est pas née avec la RSE. En effet, nous pouvons dire sans trop nous aventurer que la responsabilité sociétale en France est au moins aussi « ancienne » que la responsabilité civile pour laquelle une entreprise sera toujours tenue responsable en cas de dommage causé à autrui. Si ce principe paraît évident, énoncé comme tel, il n’est vrai que depuis l’arrêt en cassation de la chambre civile 2ième du 17 juillet 1967[1]. Mais encore faut-il prouver l’existence du dommage, son fait générateur et le lien de causalité entre les deux.

Dès lors, pour en savoir davantage faut-il s’intéresser aux éléments nouveaux de cette Responsabilité d’entreprise. Aussi, pour mieux cerner la RSE, il est pertinent d’en appréhender les enjeux au travers de ses cadres de référence : son cadre réglementaire & légal et ses différents référentiels.

En effet, si la RSE est une démarche d’entreprise largement volontaire jusqu’à ce jour, il existe quand même un cadre réglementaire & légal qui oblige et incite à mener des actions responsables. Ces dernières sont relatives notamment aux obligations à respecter les normes environnementales en vigueur (écotaxes, subventions des énergies renouvelables) mais aussi aux incitations fiscales à mener des actions de soutien à l’économie française (exemple : réduction d’impôt pour les investissements dans les PME au travers des Fonds Communs de Placement dans l’Innovation et exonération d’impôt pour la souscription à un Livret de développement durable et solidaire[2]).

C’est ainsi que bon nombre d’entreprises mènent des actions responsables de façon contraintes ou incitées par la réglementation européenne, les lois et politiques françaises. Quelle gloire tirer du simple respect de la loi ?

La RSE volontaire et désintéressée* (*financièrement parlant) est bien cette RSE qui nous concerne ici. Cette dernière dispose d’un cadre de référence propre dont les éléments les plus connus sont :

  • Le Pacte Mondial des Nations-Unis relatif au Développement durable (UN COMPACT) ;

  • La Global Reporting Initiative (GRI) ;

  • La norme ISO 26000 ;

  • Les guides de reporting RSE dont celui du MEDEF (basé sur la Loi Grenelle 2 – Article 225 et ses textes d’organisation et d’application) ;

  • Les labels responsables (ex : labels dits « verts »).

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Cadres de référence de la RSE [3]

Mais le plus important à retenir, au-delà des moyens à employer pour faire/être RSE, est sans doute que la RSE volontaire et désintéressée s’inscrit dans une véritable démarche organisée, exhaustive, pilotée (indicateurs de suivi) et évaluée sur 3 volets[4] :

  • Social :

    • emploi, organisation du travail, relations sociales, santé et sécurité, formation, égalité de traitement, respect des conventions de l’Organisation Internationale du Travail ;

  • Environnemental  :

    • politique générale, pollution et gestion des déchets, utilisation durable des ressources, changement climatique, protection de la biodiversité

  • Sociétal :

    • engagements en faveur du développement durable / impact territorial, économique et social de l’activité de la société, relations entretenues avec les personnes ou les organisations intéressées par l’activité de la société, sous-traitance et fournisseurs, loyauté des pratiques.

Aussi, l’évaluation de la démarche RSE est fondamentale en ce qu’elle donne à cette dernière toute sa légitimité. Il n’existe point d’impact vérifiable sans évaluation donc point de RSE sans évaluation ! C’est alors qu’intervient un acteur incontournable de la « chaine de valeur » venant attester de la réalité des informations communiquées dans les rapports RSE fournis par l’entreprise : un tiers indépendant[5] accrédité par le Comité français d’accréditation (COFRAC), unique instance nationale d’accréditation.

En somme, la RSE n’est donc pas un projet humanitaire ou des engagements écologiques isolés mais bien une politique globale comprenant des sous-politiques Sociale, Sociétale et Environnementale pilotées via des indicateurs de performance et évaluées par un Tiers de confiance indépendant et accrédité. Si la notion de RSE n’est pas encore bien comprise du grand public, malgré toute l’importante qu’elle revêt, c’est sans doute dû à son caractère non encore obligatoire pour tous, à ce jour.

Quand toutes les entreprises devront rendre comptes de leur politique RSE auprès du régulateur, qui pourra prétendre ignorer la loi ? A bon entendeur…

Wally NDIAYE, Project Manager chez Vertuo Conseil ( réseau Square Management)

Notes :

  1. Source : https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000006976133&fastReqId=992990988&fastPos=1

  2. Dans le cadre de la loi Sapin 2 votée en novembre 2016, le LDD a été renommé LDDS (Livret de développement durable et solidaire) depuis le 1er janvier 2017. Ce texte prévoit la possibilité d’une affectation par le détenteur d’un LDDS à un organisme l’économie sociale et solidaire (ESS) d’une partie de son livret d’épargne (capital et ou intérêts) sous la forme d’un don

  3. Sources : Formes de régulation et d’intervention en matière de RSE, Université de Lille 1, Bruno Boidin ;

Labels environnementaux, ADEME, https://www.ademe.fr/labels-environnementaux  

4.Source : Reporting RSE, Les nouvelles dispositions légales et réglementaire, Mouvement des Entreprises de France, Mai 2012.

5.Il est cependant possible d’être accrédité par d’autres organismes européens.