VIDEOTHEQUE CREDO : une image vaut mille mots
La vidéothèque Credo, c’est une sélection de témoignages et reportages sur des sujets qui vous concernent.
D'où viennent les frontières des pays africains et pourquoi certaines semblent avoir été tracées à la règle ?
LES ENFANTS CACHES DE LA FRANCE COLONIALE
France 24 Exclusif : Avec les enfants cachés de la France coloniale
Publié le : 10/07/2020 - 14:43
Reporters © FRANCE 24
Par : Caroline DUMAY & Thaïs BROUCK
Durant la période coloniale, plusieurs milliers d’enfants issus de relations entre des colons et des Africaines sont abandonnés par leur père et arrachés à leur mère. Sur décision du gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française, ces "métis des colonies" sont séparés du reste de la société et placés dans des orphelinats. À travers des témoignages inédits, France 24 retrace l’histoire oubliée de ces enfants cachés de la Nation, dépourvus de leur filiation et en quête de reconnaissance. Regardez notre documentaire exceptionnel de 27 minutes.
Tout a commencé en 1903, lorsque le gouverneur Ernest Roume, à la tête de l'Afrique-Occidentale française (AOF), décide la mise en place d’espaces dédiés pour les enfants nés de père français et de mère "indigène", les "bâtards de la République". Dans la colonie Côte d’Ivoire, le "Foyer des métis" voit le jour dans le majestueux ancien Palais des gouverneurs de Bingerville.
André Manket, 90 ans, en fut l’un des premiers pensionnaires. Il a les larmes aux yeux lorsqu’il raconte son kidnapping. "Ils sont venus me chercher dans mon village de pêcheurs d'Anono et m'ont emmené de force. J'avais sept ans. Ma tante était en pleurs...", témoigne le vieil homme, qui est arrivé à Bingerville entouré de deux gardes coloniaux. "On m'a dit : 'Guerard', le nom de votre père, c'est fini. Maintenant, vous prendrez le nom de votre mère." On lui a aussi donné un numéro : le 39. Ce qui signifiait qu’avant lui, il y avait 38 garçons et filles, dont le seul point commun était la couleur de leur peau, métissée.
Traumatisme
Maurice Berthet, lui, ne comprend pas. Il n’est pas Français, mais il possède pourtant des terres à Vitry-le-François, qu’il a obtenues par héritage... "Mon père ne m’a jamais abandonné ! Mais il ne savait pas comment faire. Il coupait du bois et vivait dans la forêt", explique-t-il.
L’abandon est une chose, la perte d’identité en est une autre. Pour avoir accès à Bingerville et au statut de "pupille de la Nation", il fallait se déclarer "orphelins", même quand on ne l’était pas.
Même son de cloche pour Calile Sahily, le président de l’Association des anciens élèves de l’orphelinat et du Foyer des métis (AEFOCI). "Comment pouvait-on être hier pupilles de la Nation - et donc enfants de l’État français - et ne pas être Français aujourd’hui ? C’est une aberration !", fait-il remarquer.
Ils ont beau être désormais âgés de plus de 80 ans, le traumatisme est encore bien vivace. "Nous étions la risée de tous. Nos mères étaient traitées comme des prostituées", explique aussi Monique Yace. "On nous traitait de bâtards, de peau grattée... Nous mettre à l’orphelinat, c’était légaliser l’abandon", ajoute, de son côté, Philippe Meyer. Tous aujourd’hui se considèrent comme des "victimes de la colonisation".
Bien éduqués, la plupart de ces métis se sont bien intégrés à la société ivoirienne. Jeanne Reinach, née Langui, est le produit de cette génération d’enfants cachés. Si elle porte le nom de l’une des familles françaises les plus riches de l’avant-guerre, elle n’a, par contre, jamais obtenu la nationalité française. Elle a dû attendre 77 ans pour apprendre que son grand-père, Théodore Reinach, était député de Savoie, membre de l’Institut de France, propriétaire de châteaux et de villas... "Nous en voulons à la France parce qu’elle n’a rien fait pour nous", confie-t-elle, amère.
"Mettre le débat sur la table"
À l’indépendance de la Côte d’ivoire, en 1960, la question de ces enfants n’a jamais été mise sur la table. "Ceux qui ont réussi à obtenir la nationalité française sont ceux qui se sont fait établir, avant leur majorité, un jugement supplétif d’acte de naissance en précisant que le père était présumé d’origine française", explique Patricia Armand, secrétaire générale de l’AEFOCI. Encore fallait-il être informé... La juriste est aussi petite-fille de colon, mais elle n’a jamais réussi à retrouver les traces de son grand père, Fernand Combaluzier, pourtant administrateur foncier.
Beaucoup d'Ivoiriens souhaitent désormais que la France s'inspire de la Belgique qui, en avril 2019, s'est officiellement excusée auprès des enfants métis nés dans ses anciennes colonies. Le mois dernier, cinq femmes métisses, nées dans le Congo colonisé, ont assigné le royaume en justice pour "crimes contre l'humanité". Elles dénoncent des enlèvements systématiques d'enfants comme elles, entre 1911 et 1960.
La France sera-t-elle à son tour ciblée par ce type de démarche ? Auguste Miremont, ancien ministre de la Communication de Félix Houphouët-Boigny, qui a, lui aussi, grandi au Foyer des Métis, estime qu’"il est temps maintenant de mettre ce débat sereinement sur la table".
>> A voir, notre émission spéciale : "Mémoires d’Afrique, esclavage et colonisation"
https://www.france24.com/fr/afrique/20200710-exclusif-avec-les-enfants-cach%C3%A9s-de-la-france-coloniale?fbclid=IwAR2r24bqU36LDGAAj4P2WHEx8gK-qSCza9550Ez6TNxDhYQRFKPXFvdOImU
RTBF : Le triste sort des enfants métis du Congo belge :
L’histoire de François, enfant d’un colon belge et d’une mère congolaise, arraché à l’affection de sa mère, interné avec ses compagnons d’infortune métis dans un orphelinat où les religieuses catholiques leur apprenaient à renier leur mère.
https://www.facebook.com/watch/?v=274534370312076
France 24 Émission spéciale : mémoires d’Afrique, esclavage et colonisation
Publié le : 29/06/2020 - 20:49
Par : Nicolas GERMAIN, Meriem AMELLAL & Célia CARACENA
Si le meurtre de George Floyd aux États-Unis a ravivé les mouvements contre le racisme dans le monde, il a aussi remué le passé douloureux de la traite négrière et de la colonisation. Nous vous proposons une émission spéciale consacrée aux relations tumultueuses entre l'Europe et le continent africain, à travers des reportages et des entretiens réalisés en France, en Belgique, au Bénin et en RD Congo. De Bordeaux à Ouidah, au Bénin, en passant par Kinshasa et Bruxelles, vous verrez que le rapport à la mémoire reste compliqué des deux côtés. https://www.france24.com/fr/afrique/20200629-%C3%A9mission-sp%C3%A9ciale-m%C3%A9moires-d-afrique-esclavage-et-colonisation
VIDÉO C’est lors de la conférence de Berlin, du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, que les puissances européennes se sont partagé le continent.
Par Emile Costard Publié le 16 juillet 2020 à 13h00
Plus de trente-deux conflits territoriaux ont éclaté en Afrique entre 1974 et 2002, ce qui en fait le continent le plus affecté par ce type de conflits. Ces nombreuses tensions transfrontalières depuis les indépendances s’expliquent par l’artificialité des frontières africaines, largement héritées des partages coloniaux datant du XIXe siècle.
Tracées à l’issue de la Conférence de Berlin – du 15 novembre 1884 à Berlin au 26 février 1885 –, ces démarcations correspondaient davantage aux ambitions hégémoniques des puissances européennes qu’aux identités et solidarités des populations locales. Aujourd’hui, 87 % de la longueur des frontières du continent, soit 70 000 km sur un total d’environ 80 000 km, selon les calculs du géographe Michel Foucher, sont le résultat de cette histoire coloniale.
Le Monde Afrique vous propose un décryptage en cartes du tracé des frontières africaines.
Cette vidéo a été conçue dans le cadre de la parution du hors-série L’Atlas des Afriques, réalisé par les rédactions de La Vie et du Monde Afrique vendu en kiosques et sur la boutique en ligne du Monde.