AVC : reconnaître les symptômes discrets
· Source: : Seneweb.com | Le 08 avril, 2018
AVC : reconnaître les symptômes discrets
Les symptômes parfois discrets d'un accident vasculaire cérébral doivent alerter. Des manifestations soudaines, imprévisibles qui peuvent ne pas durer, obligent le patient à consulter rapidement sous peine d'une dégradation durable de la santé.
À peine 10 % des patients ayant été victime d'un AVC ischémique, la forme la plus courante, peuvent bénéficier des traitements permettant de sauver leurs neurones. La principale raison en est que, bien souvent, ils n'ont pas pris conscience de la gravité de leur état. Explication du neurologue Alain Ameri, de l'unité neurovasculaire du centre hospitalier de Meaux. "Le problème est qu'un AVC ne fait pas mal comme un infarctus du myocarde. Il peut débuter par un léger tangage à la marche, des petits troubles de l'élocution, une main qui ne répond pas bien. Il peut n'être constaté que le matin au réveil alors qu'il est survenu pendant la nuit." Il est donc impératif de connaître les symptômes, caractérisés par l'aspect brutal du ou des troubles qui s'installent d'une seconde à l'autre. Les signes avant-coureurs de l'AVC varient selon la localisation du caillot et donc de la zone du cerveau touchée par l'attaque.
LES 6 SIGNES LES PLUS COURANTS
1 - Une paralysie partielle du visage avec une déviation de la bouche
2 - Une faiblesse, un engourdissement ou la paralysie d'un bras ou d'une jambe, ou de tout un côté du corps (hémiplégie)
3 - Des troubles de l'équilibre, une instabilité à la marche, des sensations de vertige, une chute inexpliquée.
4 - Une difficulté à trouver des mots ou à les exprimer
5 - L'obstruction partielle du champ visuel, une vision grisée ou floue, ou la baisse de la vision d'un œil ou des deux yeux.
6 - Un mal de tête d'apparition brutale, inhabituel et très intense.
UNE ALERTE : L'ACCIDENT ISCHÉMIQUE TRANSITOIRE (AIT)
25 % des AVC sont précédés d'un AIT, accident ischémique transitoire, un mini-AVC qui survient brutalement. Si la cause de ces symptômes est rapidement détectée, on peut éviter l'attaque cérébrale définitive. "Ces événements neurologiques régressifs transitoires ne laissent pas de traces d'infarctus sur l'imagerie cérébrale, mais celle-ci n'est pas importante, explique le Dr Alain Ameri. Ce qui compte, c'est l'interrogatoire, car l'épilepsie, l'hypoglycémie, une migraine avec aura peut simuler un événement neurologique brutal."
Cette petite lésion vasculaire est susceptible de frapper dès la trentaine. En cause : le rétrécissement des vaisseaux due à l'athérosclérose (sténose artérielle), l'épaississement des petites artères lié à l'hypertension artérielle et les troubles du rythme. Si l'AIT provoque pas ou peu de symptômes (lire encadré) car il n'affecte que légèrement les neurones, il doit cependant inciter à consulter. Il peut en effet, au fil du temps, entraîner un déclin important de la mémoire et des facultés cognitives, voire une démence. Et, à plus court terme, annoncer un AVC qui surviendra peu de temps après. Le risque d'AVC après un AIT est maximal dans les tout premiers jours. "Prise en charge" signifie faire un bilan et trouver la cause de l'AIT pour procéder à un traitement immédiat. C'est dans cet objectif que le Pr Amarenco a créé la clinique SOS-AIT à l'hôpital Bichat. Il en existe aussi une à Toulouse.
CAUSES ET FACTEURS DE RISQUE
Les causes, telles que la rupture d'un anévrisme cérébral ou la présence d'un caillot dans une artère, sont responsables de l'attaque. Les facteurs de risque, eux, sont des paramètres, comme l'âge ou le tabagisme, qui en augmentant élèvent la probabilité de faire un AVC. Mais les unes et les autres interfèrent. Si l'âge est un facteur de risque, les AVC ne sont pas qu'un danger du cinquième âge. Alors qu'au cours des dernières décennies leur nombre n'a cessé de diminuer, il croît régulièrement chez les moins de 65 ans (âge moyen), et même les moins de 55 ans qui représentent 10 % des victimes d'AVC. Cette hausse concerne surtout les accidents ischémiques, c'est-à-dire une obstruction plutôt qu'une rupture d'un vaisseau sanguin.
Responsables : l'hypertension, qui multiplie le risque d'AVC par six, mais aussi le tabagisme, la sédentarité, l'obésité et le diabète, fléaux modernes qui frappent de plus en plus jeune. Les drogues ont aussi leur part de responsabilité, notamment le cannabis qui agirait doublement en provoquant des spasmes des artères et en favorisant la formation de caillots sanguins.
LES FEMMES PLUS SOUVENT TOUCHÉES
Alors qu'il existe peu d'études scientifiques portant sur l'AVC chez les femmes, celles-ci sont plus souvent touchées, et victimes de séquelles plus importantes que les hommes. Leur espérance de vie supérieure ne suffit pas à expliquer cette différence. Les femmes ont plus de facteurs de risque d'AVC : l'hypertension durant la grossesse qui peut accroître le risque d'AVC des années plus tard, la ménopause, l'hypertension artérielle et la fibrillation auriculaire, plus fréquentes et plus sévères, les hormones féminines qui agissent sur la coagulation, en particulier les œstrogènes des pilules contraceptives. Or, les femmes sont généralement mal informées des risques, convaincues que l'AVC est une maladie masculine.
Résultat : en cas de symptômes, elles s'en inquiètent plus tardivement et le retard de diagnostic implique moins de chance de survivre sans séquelles. L'AVC peut tuer et aussi laisser lourdement handicapé pour les décennies que l'on a encore à vivre. 10 à 20 % des victimes d'AVC conservent un handicap léger, 10 % un handicap sévère.
Auteur: pleinevie.fr - Seneweb.com