CHANGEMENTS CLIMATIQUES - Impacts et mesures nécessaires

Aissatou Doucouré Sud Quotidien 30.04.2012

Pour faire face à ce phénomène climatique, des mesures d’atténuation et d’adaptation ont été établies pour une bonne gestion de l’environnement du Sénégal par la population. Le ministère de l’Ecologie et de la protection de la nature a organisé, les 25, 26 et 27 avril dernier, un atelier de 72h à l’endroit des journalistes et des chargés de communication dudit ministère. Les changements climatiques sont liés en grande partie à l’émission de gaz à effet de serre qui résultent des activités humaines comme dans le transport, l’industrie, l’agriculture, la déforestation, du bâtiment entre autre. Dans le souci de réduire l’émission des gaz à effet de serre qui s’inscrit dans toutes les politiques environnementales, le ministère de l’Ecologie et de la protection de la nature entend bien respecter, notamment, le Protocole de Kyoto dont le Sénégal est signataire depuis juillet 2001. C’est dans cette dynamique que ledit ministère a organisé cet atelier de 72h, les 25, 26 et 27 avril dernier à l’endroit des journalistes et des chargés de communication dudit ministère pour une meilleure sensibilisation de la population sur les impacts de changements climatiques. Ces derniers sont en grande relation avec l’émission massive de gaz à effet de serre qui résultent des activités humaines dans les secteurs du transport, de l’industrie, de l’agriculture, de la déforestation, du bâtiment entre autres.

 

Les impacts sur l’élevage :

Avec la dégradation qualitative et quantitative des ressources fourragères, la rareté des points d’eau, les températures excessives, l’augmentation de la morbidité et de la mortalité du bétail est au rendez-vous. « Les pluies hors saison enregistrées en janvier 2002 dans des conditions inhabituelles de basses températures au nord du Sénégal ont entraîné une véritable hécatombe au niveau du cheptel » rappelle Boubacar Fall, enseignant chercheur en biologie. « Ceci a suscité une augmentation de la désertification due au surpâturage, le bétail de mauvaise qualité, la cession du bétail à bas prix, la baisse du pouvoir d’achat des éleveurs et l’exacerbation des conflits éleveurs – agriculteurs », poursuit-il sur les conséquences.

Les impacts sur la pêche :

Souvent liés par les « upwellings » que sont la fonte de la glace dans les mers du nord, la pêche maritime est affectée par ce phénomène et aussi par les pertes d’infrastructures avec l’érosion côtière et d’embarcations par le biais des tempêtes qui sont plus fréquentes. Dans ce contexte, on note la diminution des ressources halieutiques avec la dégradation des zones de reproduction et d’alevinage de certaines espèces de poissons comme les sardinelles, les mérous. La pêche estuarienne qui est pratiquée à bord de petites embarcations de moins de 12 mètres, yoles, plates ou petits chalutiers reconvertis, est affectée par la dégradation des mangroves. Elle est aussi accentuée par la salinisation excessive des zones amenant la réduction des espèces.

 

Les impacts sur l’agriculture :

Les pluies qui se font rares, notamment avec la baisse de la pluviométrie, le secteur agricole va de mal en pis avec la dégradation des terres, la diminution de la productivité la précarité des revenus et des moyens d’existence des agriculteurs. Ce qui fait accroitre la malnutrition et de la famine dans certaines zones du pays avec des conséquences sur la santé des couches vulnérables chez les personnes âgées et les enfants en particulier. La dépendance de l’aide extérieure, la cession du patrimoine et la migration pour ne pas dire l’exode rural.

 

Les impacts sur le tourisme :

Avec une baisse de la demande des touristes pour les pays chauds comme c’est le cas de la station balnéaire de Saly, la perte d’attraction avec les mangroves, l’érosion côtière est à la base de la destruction d’infrastructures et des difficultés pour l’approvisionnement en eau, par exemple.

 

Les impacts sur la santé :

Une recrudescence de certaines maladies comme la malaria et la méningite qui sont liées aux paramètres climatiques et avec l’émergence de nouvelles maladies comme la dengue, viennent s’ajouter aux problèmes de santé de la population sénégalaise. Les problèmes des vagues de chaleur et leurs conséquences sur les personnes âgées et les enfants ne sont pas en reste pour accentuer le problème de santé publique.

 

Les impacts sur l’énergie :

Avec la croissance liée à la démographie et au développement économique vont s’ajouter des problèmes liés au climat. La demande en moyens de ventilation s’accentue influençant le remplissage des lacs, de barrages comme le cas de Manantali sur la production d’hydroélectricité. Cette demande supérieure à l’offre à certainement engendré les coupures intempestives vécues dans les années 2010 et 2011.

 

52 milliards de pertes et dommages en 2009 :

Les phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations semblent devenir plus fréquents. Avec des conséquences diverses, 52 milliards de pertes et dommages enregistrés lors des inondations de 2009, les secteurs les plus touchés sont le logement (49%), la santé (14%), l’agriculture (10%) et le transport (8%), les pertes concernent principalement le commerce (20%), les infrastructures urbaines communautaires (15%), le logement (16 % ), l’énergie ( 14 % ) et le transport (14 %), Environ 360.000 personnes ont été directement affectées entre Pikine et Guédiawaye, et 125.000 autres dans le reste du pays . La baisse occasionnée par ces inondations sur le taux de croissance économique de 2009 est estimée à 0,07%, ramenant la prévision du taux de croissance économique qui était de 1,47% avant les inondations à 1,4%.

 

Mesures d’atténuation et adaptations :

Visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter à la générosité de la nature, Aliou Ba, Ingénieur énergéticien, environnementaliste, appelle au recours aux énergies renouvelables. « Si on met en place les parcs éoliens sur le long du littoral soit en offshore ou en on shore, il est possible qu’avec ces dispositions et ces technologies, de produire de l’électricité afin que les sénégalais puissent en profiter et ne soient plus otages d’une règlementation qui devrait s’ouvrir et réduire les difficultés de nos populations », souligne-t-il. Mbacké Niang, architecte-chercheur et enseignant, abonde dans le même sens que son prédécesseur. « Il faut insister sur la mise en place d’une alimentation thermique pour que les bâtiments modernes puissent nous permettre non pas d’éviter d’émettre des gaz à effet de serre à travers le pétrole qui nécessite de l’électricité mais de permettre un service énergétique plus large au profit des populations ». Il poursuit en soutenant que « le bâtiment consomme 50% des énergies primaires dans nos pays».