SANTE : Le coronavirus !

Après avoir cotoyé toutes les maladies en “a”: malaria, choléra, ébola, sida, faut-il avoir peur des maladies en “us” comme le coronavirus ?

Science sans fiction n’est que ruine de l’âme !

Et si le coronavirus avait été envoyé pour sauver le monde ? 

« Il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous »

En Chine, il y a deux options pour traduire le mot « crise » : danger, et opportunité.

Et si la pandémie est partie de l’Empire du Milieu, ce n’est peut-être pas une coïncidence mais l’illustration que cette menace était un défi à relever, une expérience à surmonter qui aujourd’hui se révèle une opportunité pour les chinois de se redéployer à l’échelle planétaire comme des experts de cette pandémie, ce qui par ricochet, légitime leur posture de centre de gravité du monde de demain.

En effet, ce pays est devenu le point de convergence de la production industrielle en pièces détachées, produits finis et prestations de services au point que tout ce qui l’affecte positivement et négativement a des répercussions sur l’ensemble de l’économie mondiale.                                          

Pour le Covid 19, c’était définitivement « the place to be », la rampe de lancement pour passer à la postérité comme une pandémie parmi les plus glorieuses.

Il y a dans l’histoire du monde des grandes étapes, marquées chacune par de grands cataclysmes qui ont provoqué des ruptures, comme le big bang créateur de l’univers, la fin des dinosaures provoquée par la chute d’une météorite sur la terre, les grandes glaciations et éruptions solaires qui sont le fait de la nature, les différentes guerres, épidémies et crises politiques provoquées par les hommes, et au plan de la mythologie religieuse, des phénomènes tels que le déluge qui ont permis de rebattre les cartes chaque fois que la planète s’est trouvée dans une impasse.

Dire que le monde d’aujourdhui est arrivé au bout de ses incohérences est un euphémisme : il n’a jamais disposé d’autant de moyens et n’a jamais autant mis sa survie en péril. La faute à une pénurie des valeurs, une surexploitation des ressources et une redistribution calamiteuse des richesses qui ont exacerbé la lutte des classes en verrouillant toute solution de sortie de crise.

Les seuls exutoires proposés face à ce désespoir sont les migrations et la radicalisation religieuse.

Hasard ou coïncidence, le point culminant a été atteint avec la succession de COP stériles où les décideurs et influenceurs de ce monde convergent périodiquement au mépris de leur empreinte carbone, tirent la sonnette d’alarme sur l’urgence de réguler le dérèglement climatique puis se quittent en remettant la prise de décision… à la prochaine COP.

Dans ce marasme complet où la raison et le bon sens ont capitulé face aux intérêts partisans, « Make America Great Again », il n’est plus possible de compter sur le sens des responsabilités des hommes pour trouver des solutions durables aux problèmes qu’ils ont créés, le salut doit donc venir d’une influence extérieure qui va imposer un reset du système, une remise en question de ses fondamentaux génératrice d’un ordre nouveau.

Et pour faire bonne mesure, le redresseur de torts s’est attaqué au système par ses symboles les plus puissants :

-Les pays dominants : Voir l’Amérique triomphante, la vieille Europe et l’ambitieux Iran plier sous le joug de cette épidémie, c’est toute la suffisance des sociétés humaines qui révèle sa fragilité : un colosse aux pieds d’argile,

-Le système financier international : Basé sur la consommation et la spéculation, il a installé une surenchère sur les ressources et les moyens afin de maintenir les ménages et les entreprises dans une dépendance permanente de leurs envies et non de leurs besoins, source de tous les excès,

-Les systèmes de santé publique : La santé publique des Etats est désormais abordée selon des critères de gestion comptable plutôt que de réponse sociale. Résultat, la logique de solvabilité prime sur le service public, avec comme conséquences une médecine élitiste, des stocks exsangues et une couverture médicale défaillante,

-L’industrie pharmaceutique : Le paradoxe est que les Etats se sont dessaisis de la production de médicaments au profit de sociétés privées qui l’ont réduite à un simple commerce. Du coup, l’offre de médicaments répond à des critères de profit au détriment de la santé des populations qui sont maintenues dans un état de morbidité chronique : on ne guérit plus, on soulage et on maintient la dépendance aux traitements à vie.

-La structure sociale : Elle a explosé sous le coup d’expérimentations hasardeuses assimilées au « Progrès », menées au pas de charge par des apprentis sorciers obsédés par les Libertés et qui n’ont pas pris soin de laisser aux citoyens le temps de mesurer les bienfaits de ces réformes sur les Droits Humains et libertés individuelles : Mariage pour tous, PMA, GPA, ainsi que sur les sciences et la technologie : bioéthique, OGM, 5G, etc…

-Les modes de production et de consommation : Frénétiques, boulimiques, déraisonnables, axés sur le profit plus que sur la préservation des ressources naturelles et financières, jusqu’au point de rupture,

-La préservation de l’environnement : Sacrifiée sur l’autel du pouvoir, du confort et du profit, avec cet Accord de Paris devenu caduque et ces dirigeants politiques incapables de changer de paradigme, enfermés qu’ils sont dans une logique de réélection ou de profit.

Le monde est fait de grands équilibres qui échappent à l’intelligence de l’Homme et l’univers doit sa longévité à des lois de régulation qui s’imposent à tous. La capacité des espèces animales et végétales à s’adapter aux changements de leur environnement a fait le reste, c’est tout ce qui fait la richesse et la beauté de la biodiversité, que l’homme par sa cupidité s’est évertué à mettre à mal au risque de flirter avec le point de non-retour.

Le jour d’après :

Alors oui, on ne peut pas exclure l’hypothèse qu’à l’image du déluge, le coronavirus soit arrivé à point nommé pour contraindre les sociétés humaines à prendre conscience qu’elles sont allées trop loin et qu’elles devront reconsidérer leur rapport à la communauté, à la production et à l’environnement.

Malheureusement, il y aura un prix à payer :

-D’abord humain, par la sélection naturelle qui va soustraire les éléments les plus fragiles, afin de repartir avec des troupes saines, viables, à même de porter le nouveau projet,

-Ensuite sociétal, car le confinement aura mis les hommes face à toutes leurs incohérences, il conviendra de revoir l’échelle des valeurs pour le couple, les enfants, la communauté. Cette remise en cause va provoquer nombre de conflits familiaux, divorces, rupture d’héritages et d’amitiés car tout sera à reconstruire,

Egalement, économique avec les faillites d’entreprises, pertes d’emploi qui vont totalement redessiner le paysage de l’entreprise survivante, avec plus de flexibilité et d’insécurité mais également un nouveau rapport à la production, notamment avec la généralisation forcée du télétravail dont le maintien aura un effet salvateur sur les transports, la pollution, la productivité et la sociabililté,

-Enfin, environnemental, par la prise en compte de la durabilité comme fil d’Ariane de toutes les politiques touchant à l’humain, à la production, à la science et à la biosphère.

Covid 19 : danger ou opportunité ?

La réponse nous appartient, individuellement et collectivement, à travers l’émergence d’une nouvelle citoyenneté basée sur la responsabilité, la sincérité et la solidarité.


Gestion Covid-19 : Le Sénégal classé 2e dans le monde par USA Today

Par: Seneweb News - Seneweb.com | 06 septembre, 2020 à 23:09:05  | Lu 19315 Fois |  138 Commentaires

Gestion Covid-19 : Le Sénégal classé 2e dans le monde par…

Des résultats de tests Covid disponibles en 24 heures ou moins, des hôtels réquisitionnés pour mettre en quarantaine les patients Covid ; une communication transparente sur les cas d'infections au coronavirus : le pays de la téranga a géré mieux que les États-Unis la crise sanitaire liée au coronavirus, selon le journal USA Today.

En effet, avec son système de santé précaire, un déficit de lits d'hôpitaux avec 7 médecins pour 100.000 habitants, le Sénégal a géré la crise du Covid-19 avec célérité et efficacité. Car six mois après l'apparition du premier cas répertorié sur le territoire, le pays ne compte qu'environ 14.000 patients infectés et 284 décès (au 1er septembre 2020), relève sans ses colonnes USA Today.

À la lumière de ces résultats, le journal américain estime que le Sénégal mérite de figurer dans le lot des pays qui ont bien géré la crise sanitaire, malgré leurs ressources limitées, a soutenu Judd Devermont, directeur du program Afrique au Center des études Strategic et International Studies, un think tank non partisan, spécialisée en politique étrangère"

Une étude récente classe le Sénégal deuxième sur 36 pays qui ont bien géré la pandémie. Alors que les Etats-Unis arrivent largement derrière à la 31e place selon le Forein Policy magazine qui prenne en compte dans le classement un mix de pays riches, pays émergents et en voie de développement.

Ce succès du Sénégal qui s'explique par une combinaison de plusieurs facteurs que sont la réactivité dans la prise en charge, une communication transparente et l'expérience de la gestion réussie de la crise Ebola en 2014, souligne le confrère. Qui rapporte les propos tenus par le Dr Bousso sur la transparence dans la communication du ministère de la Santé notamment sur le nombre de nouveaux cas, de décès et de guérisons lu à la télé chaque jour.

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Comorbidité, retard de consultation, âge avancé : Le Pr. Seydi dresse le profil des morts Covid

Par: Thiébeu NDIAYE - Seneweb.com | 09 août, 2020 à 20:08:11  |

Comorbidité, retard de consultation, âge avancé : Le Pr. Seydi dresse le profil des morts Covid

Depuis l’augmentation du nombre de décès, les services de réanimation «Spécial Covid» sont perçus comme le «couloir de la mort» où tous ceux qui y entrent sont condamnés. Le Pr. Seydi jure qu’il n’en est rien.

Selon le chef de la prise en charge des malades Covid-19 au Sénégal, «au minimum 50 % des patients ressortent vivant des services de réanimation».

Et ces résultats, d’après le professeur, pouvaient être améliorés, s’il n’y avait pas la stigmatisation qui pousse beaucoup de patients à aller dans les structures de santé dans un état critique.

Invité de l’émission «Objection» de Sud Fm, l’infectiologue dresse le profil des décédés de la Covid-19. «Les personnes décédées en réanimation, ce sont des personnes âgées, largement au-delà de la soixantaine ; 70 ans. Deuxièmement, ce sont des gens qui ont au moins deux comorbidités : diabète et hypertension... Et ce sont des personnes qui ont très souvent consulté tardivement», confie-t-il.

D’ailleurs, annonce le professeur Moussa Seydi, une étude consacrée aux décédés est en cours de réalisation. Selon les résultats préliminaires, «85 % (des décédés) sont arrivés à un stade tardif ; 2/3 des patients décédés avaient au moins deux comorbidités ; 80 % étaient âgés de plus de 60 ans. Mais le facteur clé, en vérité, c’est le retard de consultation». 

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Le Grand oral du Pr Seydi : « Il n’y a pas de baisse du nombre de guéris (…) Il est difficile de créer un vaccin contre cette maladie (…) Ce que je pense de l’artémisia (…) Ce que cette épidémie nous enseigne »

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Chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann, le professeur Moussa Seydi a été désigné responsable de la prise en charge médicale des malades COVID-19 au Sénégal. Une responsabilité qui le place en première ligne de la guerre que notre pays mène contre cette épidémie depuis le 02 mars, date de l’apparition du premier cas. Fort de cette casquette, il a accordé un entretien à la RTS 1 pour revenir sur les deux mois de lutte et a livré ses convictions sur bien des sujets qui ont été soulevés par rapport à la pandémie. Des leçons à tirer de la maladie, à la gestion, en passant par la baisse supposée du nombre de guéris, le techniciens n’a éludé aucune question. Le professeur Seydi a aussi dit ce qu’il pense de la polémique autour de la recherche d’un traitement et d’un vaccin. Le covid-organics du nom du « remède » proposé par Madagascar, s’est également invité à l’entrevue qui aura vu le Pr Seydi évoquer les travaux du nouveau centre des maladies infectieuses. Pour ses lecteurs, Dakaractu a retranscrit la vidéo.


« Leçon à tirer de la pandémie »
« Il faut que l’épidémie nous apprenne qu’on ne doit pas attendre qu’elle vienne pour nous préparer. Nous devons être prêts avant qu’elle ne vienne. Cela a été pris en considération. Je pense que dans les mois et années à venir, chaque région pourrait se doter d’un centre de traitement des épidémies. Il faut penser à relever le plateau technique. Cette épidémie nous l’enseigne parce qu’aujourd’hui, quelqu’un qui a beaucoup de moyens ne peut pas aller se faire soigner à l’étranger parce que les frontières sont fermées d’où la nécessité de relever le plateau technique des hôpitaux pour que les gens puissent se faire traiter sur place. Les leçons sont nombreuses mais j’aimerais juste terminer sur un fait : que les épidémies évoluent d’une manière identique sur certains aspects, d’une manière différente sur d’autres aspects ; mais dans des contextes sociaux, culturels et socio-économiques différents. C’est pourquoi l’avis du technicien que nous sommes ne sera pris en considération qu’en tenant compte des autres avis, c’est-à-dire des sociologues, des anthropologues, des techniciens évoluant dans d’autres secteurs, comme les économistes. Il y a beaucoup de leçons à tirer, mais le maximum a été fait ou en train d’être fait même s’il y a encore des choses à améliorer...»

« La fiabiltié des chiffres sur le nombre de cas »
« Oui, les chiffres sont fiables si on considère que les définitions des cas sont bonnes et que tous ceux qui devaient être prélevés ont été prélevés pour faire un dépistage. Mais si par fiable, on veut dire que tous les patients, tous les malades, tous les porteurs de virus sont dépistés, il n’y a pas de chiffres fiables dans le monde entier parce qu’on peut porter le virus sans avoir de signes cliniques et guérir sans même le savoir. Cela existe dans beaucoup de pathologies infectieuses. Au Sénégal, les chiffres sont fiables parce que la définition des cas est claire et les patients sont prélevés quand ils doivent être prélevés et nous avons un laboratoire de renommée mondiale, l’Institut Pasteur de Dakar, dirigé par le Dr Amadou Alpha Sall qui n’a plus à démontrer quoi que ce soit du point de vue de ses compétences. De plus, nous avons d’autres laboratoires au Sénégal qui sont capables aussi de faire le dépistage, je peux donner l’exemple de l’Iressef. »


« Niveau d’implication de votre service dans la prise en charge des malades dans les régions »
« Le Service des maladies infectieuses et tropicales est le service de référence nationale dans la prise en charge des maladies infectieuses. Je suis le chef de ce service, en plus je suis le titulaire de la chaire d’infectiologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est donc évident que notre responsabilité est nationale. C’est garant de cette responsabilité que nous avons même proposé un protocole de traitement dès le début en nous basant sur les résultats préliminaires du Pr Didier Raoult. C’est garant aussi de cette légitimité que nous faisons le tour du Sénégal pour nous enquérir des conditions de prise en charge, donner des conseils, voir qu’est-ce qu’il faut faire pour améliorer la prise en charge sur place. Donc, le rôle du Service des maladies infectieuses est un rôle à l’échelle nationale dans la prise en charge, mais aussi dans la formation. Ceux qui prennent en charge le traitement des patients dans les différents sites ont été formés par mon équipe. Donc, notre rôle ne saurait souffrir d’aucune équivoque. Il faut aussi noter qu’en matière de recherche, nous sommes des enseignants chercheurs, personne n’est mieux placé que nous pour faire de la recherche en matière de recherches cliniques sur les maladies infectieuses ; les malades étant d’abord sous notre responsabilité, mais aussi du fait des compétences que nous avons. Je veux juste dire par là que le service des maladies infectieuses est incontournable dans la prise en charge médicale des cas au niveau du Sénégal »


« Cartographie des cas et signification de la gestion de la pandémie par un comité national »
« Concernant la cartographie des cas, c’est essentiel que les gens sachent si dans leurs villes, même dans leurs quartiers, il y a des cas. Bien sûr, il faut tout faire pour que l’identité des patients soit respectée et que même le logement ne puisse pas être identifié. Quant à la cartographie hospitalière des cas guéris, je n’en vois pas pour l’instant l’utilité. Ça pourrait même avoir un impact négatif. S’il y a beaucoup de cas déclarés guéris dans un hôpital, les patients peuvent penser que c’est dans cet hôpital qu’on prend mieux les cas. Ce qui n’est pas exact parce que tous les cas ne sont pas dans la même situation. Par exemple à Fann, on reçoit tous les cas graves des autres sites. Il y a des gens qui s’imaginent que le Service des maladies infectieuses s’occupe des patients de l’hôpital Fann. Il n’en est rien. C’est mon équipe qui dirige le centre de traitement à Fann, de l’Ordre de Malte, le centre de traitement de l’hôpital de Diamniadio, le centre de traitement des épidémies de l’hôpital Dalal Diamm et en dehors de Dakar, le centre de traitement des épidémies de Toscana et de Darou Marnane. Globalement, nous avons plus de 60% des patients de tout le Sénégal sous notre responsabilité directe. Et jusqu’à hier (samedi 02 mai) quand on faisait les évaluations, nous avions noté que 96% des patients guéris sont sortis de ces centres que nous dirigeons. Tout ça, pour vous dire que la responsabilité du service des maladies infectieuses et ma responsabilité se comprennent au niveau national. »

« Aménager de grands centres au lieu des structures hospitalières pour accueillir des malades du COVID-19 »
« L’idéal, c’est d’avoir un très grand centre ici à Fann. Ce qui fait que si l’épidémie n’atteint pas certaines proportions, qu’on puisse les suivre ici. Mais la vérité est que tout dépend du nombre de cas. On n’a pas de places pour accueillir 10 000 patients ici. Il n’y a rien de formel ni de catégorique. Il faut un centre de référence avec un très grand centre de traitement ; mais il faut qu’il y ait aussi des centres de traitement dans deux ou trois autres hôpitaux au cas où le centre de référence serait débordé. »


« A quoi doit-on s’attendre avec la recrudescence des cas communautaires »
Quand on parle de signification des mots, de lexique, de nosologie, je peux comprendre certaines discussions. Parce que dans le langage international, on se focalise sur deux notions : cas importé et cas issu de la transmission locale. Dans les cas issus de la transmission locale ici au Sénégal, il a été conclu de faire la différence entre les cas contacts issu d’une contamination par un patient identifié et les cas communautaires dont on ne connait pas la source de l’infection. C’est tout simplement comme cela qu’il faut le comprendre. Ces deux types de cas ne peuvent pas être pareils. Dans un cas communautaire, vous ne connaissez pas le patient-source et vous n’avez aucune idée du nombre de personnes contaminées depuis qu’il a été infecté. Vous êtes dans l’inconnu total alors que pour le cas contact, vous connaissez la source et le contact lui-même, vous le prenez en charge et vous pouvez retracer, s’il développe la maladie, tous les autres contacts. Vous avez une meilleure visibilité dans votre prise en charge. Ce n’est pas du tout pareil. 

La gestion de plusieurs cas communautaires pose plus problèmes que la gestion de ce même nombre de cas multiplié par dix s’il s’agit de cas contact. Un cas est un cas, mais ces deux cas n’impliquent pas les mêmes méthodes d’approche parce qu’on n’a pas les mêmes données. »


« Conséquence du coup de gueule à Ziguinchor » 
« Je suis de nature optimiste. Je ne sais pas si je dois dire rassuré ou pas mais je suis serein quant à la capacité du Sénégal à prendre en charge correctement les cas jusqu’à cet instant où je parle. Maintenant, quand on aura 10 000 cas, 1000 personnes dans une situation grave, là ce sera autre chose. Ce que je dis n’est valable qu’à l’instant même où je vous parle. Je n’ai pas d’inquiétude particulière par rapport à la prise en charge des malades ici à Dakar. L’inquiétude s’est située surtout au niveau des régions, mais d’après les informations fournies par le ministre de la Santé ainsi que par le Pr Bèye, Ziguinchor a reçu ses respirateurs et de ce fait, peut polariser toute cette zone. Je me souviens quand j’étais à Tamba, j’avais moi-même envoyé un message au ministre de la Santé pour lui dire que ce serait bien qu’on envoie deux respirateurs à Tamba. Il avait immédiatement répondu en me disant que ce serait fait. Tamba peut aussi polariser les sites proches. Il faut être réaliste et cohérent. On ne peut pas tout avoir en même temps, mais quand on choisit des zones géographiques précises, on peut polariser tout l’environnement au niveau de ces zones pour la prise en charge des cas graves. J’en profite pour donner l’exemple de ce site. Nous avons à CUEMO, ici à Fann au moins dix lits de réanimation et nous n’avons que deux seuls malades graves là-bas, donc huit lits libres. Depuis le début de l’épidémie, nous n’avons jamais été confrontés à un problème de places. C’est pour cela que j’ai toujours soutenu et je soutiens encore qu’à l’hôpital Fann, je suis dans de très bonnes conditions pour travailler pour que la prise en charge des malades graves ou non graves se fasse correctement.  De mon point de vue, à l’heure où je parle, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire parce que des stratégies nouvelles ont été trouvées, suivre certains patients en dehors des hôpitaux, cela va désengorger les hôpitaux et permettra de se focaliser sur les cas sévères, les cas graves et les cas à risque de complications tels que les patients qui ont des comorbidités (diabète, hypertension, hypothyroïdie etc). Cette stratégie est rassurante. 

La deuxième chose, c’est que le ministère de la Santé et de l’Action sociale essaie à chaque fois d’anticiper par la création de nouveaux sites et de nouveaux centres de traitement. Donc, vu la manière dont les choses évoluent, nous ne sommes pas inquiets du tout. Mais évidemment, si les choses se mettaient brusquement à s’accélérer de manière incontrôlée, la situation pourrait être difficile. »


« Baisse des malades guéris. Comment évolue le traitement des malades »
« Baisse du nombre de malades guéris ? Non, je ne pense pas. Il y a une variation qui est naturelle parce que tous les malades hospitalisés le même jour ne guérissent pas en même temps. Hier (vendredi 1er mai), on avait 22 patients guéris. Avant-hier (jeudi 30 avril), 19 patients guéris, aujourd’hui, nous sommes à 12…c’est variable. Ce chiffre dépend de beaucoup de facteurs. Je peux donner l’exemple des types de malades. Si vous avez des malades âgés, le temps de guérison est plus long. Dans ma communication au ministère, j’ai dit que la durée médiane d’hospitalisation des sujets de plus de 80 ans, était de 19 jours. Ca dépend aussi de la précocité du traitement. Les patients qui ont été vus précocement et traités précocement ont une durée médiane de séjour de 08 jours.  Et parmi ces patients, aucun n’a fait une complication. Tout dépend aussi de la prise en charge en tant que telle. Au tout début, on avait trois groupes de patients : les patients qui n’étaient pas sous traitement du fait qu’il y avait des contre-indications, du fait que les médicaments n’étaient pas encore disponibles, et surtout parce qu’on n’avait pas d’arguments pour démarrer le traitement ; des patients qui étaient sous hydroxychloroquine et ensuite les patients sous hydroxychloroquine et azithromycine.  Nous avons commencé l’hydroxychloroquine le 19 mars et l’association le 30 mars. Donc, tous ces patients n’ont pas évolué de la même manière. 

Pour en venir au traitement strictement dit, avec l’Institut Pasteur nous avons fait une analyse préliminaire rétrospective de nos données et nous allons démarrer un projet de recherche.Nous avons constaté que la durée médiane d’hospitalisation des patients qui n’avaient pas pris de médicaments était de 13 jours. Cette durée médiane était de 11 jours quand les patients avaient pris de l’hydroxychloroquine. La durée médiane était de 09 jours quand les patients avaient pris l’association hydroxychloroquine+azithromycine. Nous avons noté d’autres résultats intéressants. La précocité du traitement permettait d’avoir une durée médiane d’hospitalisation juste de 08 jours. C’est pour dire que les résultats que nous avons sont encourageants sur le plan efficacité mais mieux encore. La priorité étant de ne pas nuire ; sur une analyse qui a concerné 362 patients il n’y avait que 12 qui avaient des effets secondaires. Parmi ces 12, 04 ont pu continuer le traitement tandis que les autres ont arrêté. Et à l’arrêt du traitement, les signes ont disparu, on n’a pas eu besoin de donner un autre traitement. Il y a quelques patients qui n’étaient pas liés au traitement mais puisque ces signes ont apparu au moment où on a démarré le traitement, on a considéré que c’était lié au traitement. Ça veut dire que ce traitement est bien toléré jusqu’au moment où je vous parle. Mais ce sont des résultats préliminaires. On verra avec l’analyse finale si les résultats vont être confirmés ou pas. Mais ce qu’on a constaté nous pousse à continuer le traitement que nous avons déjà proposé. 


« La nature des effets secondaires notés avec le traitement »
« En fait, les effets secondaires sont classés. On parle d’effets secondaires graves, sévères et modérés. Sévère, c’est-à-dire c’est un effet secondaire qui a nécessité un traitement après ou en plus du traitement qui est déjà donné. Un effet secondaire grave menace la vie du patient. C’est pour dire que la classification est bien connue. Parmi les effets secondaires de manière précise, nous avons eu des patients qui avaient des nausées, une petite diarrhée, mais surtout chez les patients qui avaient pris l’azithromycine et l’hydroxychloroquine. Nous avons eu des cas de brûlures généralisées chez des patients qui avaient pris l’hydroxychloroquine parce qu’il y a des gens qui sont allergiques à l’hydroxychloroquine mais qui ne le savent pas. Nous avons eu un patient qui a eu des palpitations. Nous avons eu un autre patient qui a eu quelques troubles du rythme cardiaque mineurs qui ne menaçaient pas sa vie. Et pour  ces troubles du rythme, nous avons parlé aux cardiologues et d’après eux, ce n’est pas dû au médicament. Si c’était dû au médicament, ce serait accompagné de ce qu’on appelle un allongement de l’espace QT. Mais malgré qu’ils nous aient dit ça, nous avons préféré mettre ça dans les effets secondaires des médicaments »


« Stock suffisant »
« Il n’y a jamais eu de rupture de stock. Peut-être il y a eu de mauvaises informations qui ont circulé. Au tout début, nous n’avions pas donné de médicament parce qu’il n’y avait aucune étude. Deuxième étape, on ne connaissait pas la procédure la plus rapide, la plus optimale pour bénéficier des médicaments. C’est ainsi que j’ai appelé la directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement et elle a agi avec une grande célérité en me livrant directement les médicaments sans aucune lourdeur administrative. Depuis cette date, nous n’avons eu aucun problème de médicament. 


« Plusieurs décès en quelques jours … Problème de prise en charge ? » 
« Les décès au Sénégal, quand on les regarde bien, c’est très difficile de les imputer à une mauvaise prise en charge. Vous avez suivi les médias, il y a eu des personnes décédées à domicile, un décès durant le transport, un décès à l’hôpital avant même que la prise en charge ne se fasse. Ici au niveau de la réanimation, tous les malades qui sont décédés avaient des antécédents très lourds. C’est des patients d’un certain âge, qui avaient des comorbidités et qui étaient sous ventilation mécanique. Tous ces facteurs font que ce sont des patients dont le pronostic est réservé. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas les sauver, mais difficilement.  Il ne faut pas occulter le fait que des personnes qui avaient des pathologies extrêmes graves (détresse respiratoire, embolie pulmonaire) sont quand même sorties vivants de cette réanimation. On oublie souvent cela. 


« Et dans les régions? »
« Dans les autres régions, en faisant ma tournée, ils ont moins de moyens pour la prise en charge des cas graves. Mais pour la prise en charge des cas peu sévères, ils sont aussi outillés que nous. C’est pourquoi je vous dis qu’on ne traite pas mieux les malades ici à Fann qu’à Touba où qu’à Sédhiou. C’est le même type de traitement, la même surveillance par des personnes qui ont la même compétence. La différence peut se faire au niveau des cas graves. C’est pour ça que je salue l’initiative du ministère de la Santé d’insister pour que Ziguinchor soit vraiment bien équipé pour constituer le pôle qui va prendre en charge les cas de la zone environnante. La même chose va être faite pour Tamba, avec le temps il va falloir équiper toutes les régions… »


« Vaccin, traitement à base d’artémisia »
Ça ira dans tous les sens pendant un bon bout de temps. Mais j’avoue que quand on me pose une question de ce type, citant un nom, je ne réponds pas parce que ça amène des polémiques inutiles.
Il faut reconnaître, de manière indiscutable que créer un vaccin contre une maladie non-immunisante, est extrêmement difficile. 
Prenez l’exemple du paludisme. Ce n’est pas une maladie immunisante. Ça entraîne une immunité transitoire et incomplète, une prémunition. Mais on travaille sur ce vaccin depuis des décennies. Des milliards ont été dépensés et ça a abouti à quoi ? Un vaccin peu efficace, qui protège peu de personnes et jusqu’à présent, n’est même pas commercialisé. La difficulté de créer un vaccin contre une maladie non-immunisante est réelle. 

Je n’ai jamais parlé au Pr Didier Raoult, je ne l’ai jamais rencontré, mais je connais ses écrits. Il a écrit un livre sur les vaccins ; donc, il n’est pas en terrain inconnu. Quand il y a trop de discussions, il faut aussi tenir compte de la stature de la personne qui parle.
Quoi qu’il en soit, rien n’est impossible pour l’homme. Dieu a doté l’être humain d’une intelligence extraordinaire. Je me dis que c’est toujours possible qu’un jour ou l’autre, on trouve une méthode qui permet de trouver des vaccins contre ces maladies dites non-immunisantes. Mais en tenant compte des données actuellement disponibles, c’est difficile. C’est le cas du VIH. On travaille sur le vaccin. Chaque dix ans, on vous dit que le vaccin c’est dans dix ans. C’est problématique. 

Le remdesivir, un médicament proposé par un grand laboratoire américain que je connais très bien pour avoir fait les meilleurs traitements contre l’hépatite B, l’hépatite C, le VIH…l’étude avec le remdesivir aux Etats-Unis montre que c’est efficace pour réduire la durée  d’hospitalisation de quatre jours. C’est intéressant. Mais au même moment, les chinois ont publié dans le Lancet, l’une des plus grandes revues au monde, une étude qui dit que le remdesivir n’est pas efficace. C’est comme ça que ça va continuer. 

L’hydroxychloroquine, c’est pareil. Des gens vous diront que c’est efficace, d’autres vous diront le contraire. Mais quoi qu’il en soit, c’est l’honnêteté qui doit primer. Nos résultats peuvent être différents d’autres résultats parce que nous n’avons pas les mêmes patients forcément. C’est pourquoi comparaison, n’est pas forcément raison. On doit être honnête, être souple, être capable de réviser ses positions devant des preuves. J’insiste là dessus car j’ai particulièrement été peiné de voir un article qui m’a d’ailleurs été envoyé par un très grand professeur pour me dire que l’hydroxychloroquine n’est pas efficace. Cet article qui va être publié dans l’une des plus grandes revues au monde, a été écrit par des ophtalmologues et non par des infectiologues. Il y avait un biais de sélection, on prenait des malades on les mettait sous hydroxychloroquine pour dire à la fin que l’hydroxychloroquine était associée à beaucoup de décès…Il n’y avait même pas de charge virale dans l’article. On étudie une maladie virale, on ne fait pas la charge virale ? Il y avait des erreurs même au niveau des tableaux et beaucoup d’autres choses. C’est extraordinaire. Quand on est contre une démarche, on trouve toutes les failles, mais quand on est avec une démarche, on ne cherche même pas les failles. C’est dérangeant de faire des communications qui montrent qu’il y a quelque part une manipulation de donnée et une mauvaise foi »


« Quid de l’artémisia »
« L’artémisia agit sur certains virus. Au laboratoire, ça agit même sur le virus de l’hépatite B. On peut donc supposer que ça agit sur le COVID-19. Mais en réalité, on n’en sait rien. En tant que chercheur, il faut que le médicament puisse agir au niveau du laboratoire, qu’il agisse aussi chez l’être humain avant que je ne puisse prendre de décisions. C’est ce que j’ai fait avec l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. On sait que ça agit au niveau du laboratoire depuis longtemps. Les Chinois l’avaient démontré d’ailleurs. On sait que ça agit chez l’être humain à partir d’une étude préliminaire avec toutes ses imperfections. Mais là (avec l’artémisia), je n’ai pas tous ces éléments. 

Donc, je ne peux pas l’utiliser comme ça. Il me faut faire cette étude-là. Mais quelqu’un qui n’est pas dans ma position, a le droit de le considérer comme un complément alimentaire et de l’utiliser. Un complément alimentaire ne nécessite pas une ordonnance. On peut aussi proposer d’autres types d’études plus légères. J’en profite pour parler du Pr Bassène qui est une référence dans ce domaine. Il pourrait trouver des méthodes assez simples, moins contraignantes pour nous dire très rapidement (il faut qu’on collabore ensemble) est-ce que c’est efficace ou non. Quoi qu’il en soit, il a été trouvé efficace à Madagascar, mais on peut trouver d’autres résultats. Il est difficile de se baser sur les résultats des autres pour avoir une démarche.

 J’ai appris que le Directeur de la Pharmacie a déjà reçu un échantillon et qu’il est en train de travailler là-dessus pour voir comment faire une évaluation scientifique de l’artémisia »

« Stratégie de communication »
« Pour moi, il ne fait aucun doute que la communication est bonne. Bien sûr, il faut toujours améliorer et réadapter. Quand on communique, on doit tenir compte de plusieurs aspects. Y a des spécialistes de la communication qui pensent qu’on doit toujours utiliser leurs  techniques et des praticiens qui pensent qu’il faut juste donner un message médical ou des personnes expertes en matière de sciences sociales qui pensent qu’il faut tenir compte de ce que ces sciences disent. Il faut que toutes ces personnes se réunissent pour voir quel message dégager. C’est ce qui a été fait. Au niveau du ministère de la Santé, il y a toutes les sensibilités. Dans la délivrance des messages, on peut trouver qu’il faut réadapter tel message ou tel autre message. Mais en tout état de cause, la base doit être la sincérité et la vérité. Vous pouvez donner un message que les gens peuvent percevoir comme inquiétant et que d’autres personnes peuvent percevoir comme rassurant. Quand par exemple je dis depuis le début de l’épidémie, il ne faut pas entrer dans une dramatisation excessive, c’est vrai parce que le nombre de personnes qui meurent de cette maladie, est relativement faible. Mais quand je dis ensuite que la gravidité est liée au nombre, ça c’est une vérité. On l’a vu. Plus le nombre de cas augmente, plus on a des décès. 
Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes des êtres humains comme ceux qui sont dans les autres pays. Si vous avez des centaines de milliers de morts en Europe où ils ont tous les moyens, si on est dans la même situation qu’eux, on pourrait avoir autant de dégâts. Nous avons peut être une population jeune mais notre plateau technique est moins bon. En Allemagne, vous avez 10 000 laboratoires qui font des tests, au Sénégal, ils sont deux. Si eux, avec tous leurs moyens, ils ont subi toutes ces conséquences, nous, malgré nos avantages, on pourrait subir les mêmes conséquences. Donc, il ne sert à rien de dire aux gens ‘quel que soit le nombre de cas, ce n’est pas grave, c’est une banale grippe’. Vous leurs dites ça, ils voient les gens mourir, ça pose des problèmes. Il ne faut pas mentir ou se mentir. Vous vous rappelez dans les communications du ministre, on dit les malades sont stables et le lendemain quand on annonce un mort, les gens se posent des questions. Mais en réalité, un malade peut être stable, s’aggraver et mourir. Donc, il n’y avait pas de mensonge dans le communiqué. Le ministère a tenu compte de cette réaction et a réadapté le message »

« Immunité collective »
« Est-ce que la maladie est immunisante ? À l’heure actuelle, ce qu’on peut dire, c’est qu’elle n’est pas immunisante et on me parle d’immunité collective. On dit que quand 70% des personnes ont une immunité, ça pourrait protéger toute la population. C’est une donnée, mais elle n’est pas absolue. Dans cette pathologie-là, on peut le supposer. 

Si tous les sénégalais sont infectés, même avec 1% de létalité, ça fait plus de 100 000 morts. 
Qu’est-ce que ça signifie pour un pays ? Je pense que les gens doivent réfléchir aux messages qu’ils transmettent. On dit qu’il faut protéger les personnes âgées mais quelqu’un peut être infecté sans le savoir. De retour chez lui, il ne peut pas prendre de précautions. Nous avons ici un jeune qui était malade, qui a infecté son père qui est décédé (…) Il n’y a pas d’immunité collective. Je suis absolument opposé à cela. Y a des pays qui l’ont fait et qui l’ont regretté. 
Quant au confinement physique, il est efficace. D’abord pour une raison que n’importe quelle autre personne peut comprendre. Si vous vous enfermez chez vous, le virus ne peut pas vous trouver parce que le virus ne circule pas sans la personne. Vous ne sortez pas à la rencontre de personnes malades, vous êtes protégé, c’est aussi simple que ça. Ça a été fait en Chine, à Wuhan et les résultats ont été vus à partir de la deuxième semaine. Ça a été fait en Italie, les résultats ont commencé à être notés à partir du dixième jour. Dans une revue scientifique connue par tout le monde, Nature, il y a un article qui montre que le confinement est efficace. C’est une question de logique. J’ai dit dans cette maladie. Dans l’exemple de la grippe, les études ont montré que le confinement n’était pas efficace. Mais vouloir transposer ça au COVID-19, ça pose problème. 
Maintenant, ce qu’il faut dire, c’est est-ce que le confinement doit être fait ici au Sénégal ? À l’heure actuelle, je dis non. Avant je disais qu’on pouvait arriver au confinement parce que si on devait avoir 100 000 morts, peut être que l’Etat aurait préféré un confinement physique avec toutes les difficultés plutôt que d’avoir sur les bras des dizaines de milliers de décès. Mais actuellement, nous avons le port de masques généralisé, il n’y a plus lieu de penser au confinement (…) Si vous faites un confinement pour éviter 50 morts et qu’à la fin vous ayez 500 000 morts de pauvreté, ce confinement n’aura pas été utile (…) L’Afrique ne doit plus penser à cela car on a démontré que le port du masque est efficace »


« Réouverture des classes »
« Tout est question de balance. Dans cette situation, ce n’est pas le technicien qui doit avoir le dernier mot. Le technicien dit ce qu’il pense mais il y a vraiment une balance à faire. Perdre une année, c’est vraiment catastrophique pour un pays. Si les autorités ont décidé cela, c’est qu’elles ont tenu compte de beaucoup de choses parmi lesquelles le poids de la maladie, le risque d’avoir une année blanche…Maintenant si l’ouverture est faite, il va falloir que des mesures soient accompagnées pour éviter la transmission du virus ». 

« L’engagement du président de la République »
« L’engagement du président de la République ne souffre d’aucun doute. Il n’est pas recommandé de mettre sur la place publique les propos du chef de l’État, mais je pense que c’est un secret de polichinelle de dire que le président avait mentionné dans son allocution lors du premier Conseil présidentiel, qu’il donnerait tous les moyens pour la lutte contre cette épidémie, qu’il n’y avait pas de problème d’argent. Ce qu’il a dit, il est en train de le faire. Je le remercie parce que je ne connais que le secteur de la Santé (…) Il a décidé de m’appuyer dans la construction du nouveau service des maladies infectieuses. Je n’ai pas demandé. C’est lui qui a proposé. Quelqu’un qui ne veut pas aider le secteur de la santé ne va jamais agir de la sorte. C’est un bâtiment que vos collègues ont vu tout à l’heure. Donc le financement sera fait à partir de ce que son Excellence voudra bien faire, avec l’appui de la Banque islamique de développement avec la garantie de l’État. Il y a un autre financement que j’avais personnellement trouvé auprès de mes partenaires et ça m’a permis de démarrer le chantier (…) dans le cadre de cette lutte, la balle est dans notre camp, nous acteurs de la Santé et dans le camp de la communauté » 

« L’apport du nouveau centre des maladies infectieuses »
« Moi je rêve de ce service depuis que je suis chef du service des maladies infectieuses…je ne vais pas revenir sur tous les sacrifices, toutes les souffrances pour obtenir le premier financement. Mais ce centre sera un centre d’excellence, l’un des meilleurs en Afrique, moderne qui va respecter toutes les normes de standard au niveau international. Toutes les cabines seront individuelles ; nous aurons des espaces pour la recherche, pour l’enseignement, au moins un amphithéâtre de plus de 300 places. C’est un centre que tout infectiologue rêve d’avoir, qui sera installé. Pour le post-Covid, nous sommes heureux de tous les efforts faits çà et là, mais plus particulièrement, le président de la République et la Banque islamique de développement.. »

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Sante

Coronavirus : Décryptage des hypothèses qui expliqueraient la faible contamination en Afrique

Par: Olivier Marbot - Jeune Afrique | 03 mai, 2020

Coronavirus : Décryptage des hypothèses qui expliqueraient la faible contamination en Afrique

Deux mois après l'irruption des premiers cas de coronavirus en Afrique, la propagation de la maladie semble y progresser plus lentement qu'ailleurs. Quels facteurs pourraient expliquer cette apparente résilience ?

Il serait inopportun de crier victoire trop tôt. Mais tout de même, les chiffres sont là : alors que les premiers cas de contamination au Covid-19 ont été détectés à la mi-février en Afrique, le continent ne compte aujourd'hui qu'un peu plus de 37 000 cas recensés (y compris les personnes déjà guéries) et 1 600 décès, contre plus de 3,2 millions de malades et plus de 228 000 morts dans le monde.

Statistiquement, il y a une anomalie. L'Afrique, qui représente 17 % de la population du globe, n'héberge que 1,1 % des malades et 0,7 % des morts. Mieux : avec déjà plus de 12 000 guérisons, elle semble résister bien mieux que les autres au coronavirus.

Est-ce simplement que la maladie est arrivée plus tard sur le continent et que, comme l'envisage une étude sud-africaine qui annonce un pic pour septembre, le pire reste à venir ? Pour l'heure, en tout cas, plus personne ne nie que la propagation du virus semble singulièrement lente sur le continent. Voici les principales raisons évoquées pour tenter de l'expliquer.

Le climat

C'est l'explication la plus couramment avancée. Comme la grippe, le coronavirus serait une maladie qui s'épanouit à la saison froide et supporterait mal la chaleur, la sécheresse, voire une forte exposition au soleil.

L'hypothèse semble corroborée par le fait que les pays les plus touchés par la pandémie ont un climat plutôt tempéré et que l'essentiel des cas se concentre soit à l'extrême nord du continent, soit à l'extrême sud, où la chaleur et la sécheresse sont moins écrasantes.Du côté de la recherche, une étude britannique confirme qu'on rencontre en moyenne moins d'affections respiratoires dans les pays chauds et secs (on ne recense d'ailleurs qu'une épidémie de type Sras réellement sévère sur le continent, qui a touché Le Cap en 2002-2003), et un rapport américain du 24 avril affirme que la demi-vie du virus, c'est-à-dire la période nécessaire pour que sa puissance de contamination soit réduite de moitié, peut passer de 18 à 6 heures si la chaleur et l'humidité augmentent.

Les chercheurs restent néanmoins très prudents, à l'image du directeur des affaires internationales de l'institut Pasteur, Pierre-Marie Girard, qui souligne que lors d'expérimentations in vitro il a été constaté que le coronavirus "se multipli[ait] très bien dans la chaleur".

La jeunesse des populations

C'est l'autre grande explication avancée. Dans les pays anglophones, on en a même fait un slogan : "The virus is old and cold and Africa is young and hot."

Les médecins confirment que la majorité des cas sévères de Covid-19 concerne des personnes de plus de 60 ans, ce qui serait une chance pour le continent, où l'âge médian est de 19,4 ans et où 60 % de la population a moins de 25 ans. On souligne aussi que l'un des pays les plus durement frappés, l'Italie, compte 23,1 % de 65 ans et plus, contre 5 % en Afrique.

Cette hypothèse fait pratiquement l'unanimité, mais les scientifiques la nuancent en rappelant que si la population africaine est jeune, elle est malheureusement plus victime que d'autres de maladies comme le VIH ou de malnutrition, ce qui peut la rendre vulnérable. Enfin, certains chercheurs remarquent qu'en Europe et aux États-Unis les personnes âgées vivent souvent entre elles dans des maisons de retraite, ce qui favorise la propagation, alors qu'en Afrique elles habitent plus fréquemment avec leur famille. Ce qui pourrait les protéger.

Un habitat moins dense

À l'exception de quelques pays comme l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Maroc ou l'Algérie, et de certaines grosses mégapoles, la densité de population est en moyenne plus faible en Afrique que dans les parties du monde où le coronavirus a fait le plus de ravages, Europe de l'Ouest et Amérique du Nord. On compte en moyenne 42,5 habitants au km2 en Afrique, contre

207 en Italie et… plus de 10 000 dans l'État de New York.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme qu'il s'agit d'un facteur positif, tout en soulignant que ces chiffres ne sont qu'une moyenne, et que des villes comme Lagos ou Abuja affichent des densités de population records.

Des déplacements plus limités

Autre explication rationnelle et difficile à contourner : la population africaine se déplace moins, en moyenne, que celle de beaucoup de pays avancés, et les risques de contamination sont donc forcément moins grands.

Pour mémoire, on ne trouve qu'un seul aéroport africain dans la liste des 50 sites mondiaux concentrant le plus de trafic aérien : celui de Johannesburg.

L'expérience des épidémies

Beaucoup le soulignent : l'Afrique n'en est pas à sa première épidémie, et elle en a connu de bien plus meurtrières. On songe bien sûr à Ebola. Le personnel soignant mais aussi les populations ont donc une certaine habitude des situations de crise sanitaire, des leçons ont été tirées, et des "bonnes pratiques" mises en place.

Certaines méthodes de détection, d'isolement des patients, de précautions lors des soins développées précédemment sont duplicables face au coronavirus. Les autorités ont aussi pris plus rapidement que d'autres la mesure du danger et ont mis en place très tôt le contrôle ou la fermeture des frontières, la distanciation ou le confinement.

Du côté de l'OMS, on souligne qu'à la suite des épidémies d'Ebola en Afrique de l'Ouest on a aidé 40 pays du continent à évaluer leur capacité de réponse. Ont ensuite été soutenus 35 de ces derniers afin d'améliorer leur système de prise en charge.

La situation est certes loin d'être parfaite – du côté de la recherche et des laboratoires d'analyse, notamment –, mais, pour le Dr Moumouni Kinda, qui a affronté plusieurs crises avec l'organisation non gouvernementale ALIMA, "les épidémies comme Ebola nous ont fait accumuler de l'expérience sur la communication et la sensibilisation, qui sont des points clés pour briser les chaînes de transmission du virus".

Une vraie coopération transfrontalière

Pour certains scientifiques africains, le continent a aussi l'avantage de pratiquer une vraie solidarité. Lorsqu'un pays manque de masques ou de kits de tests, les pays voisins moins touchés sont susceptibles de lui en fournir. Le Lesotho, qui n'a pas encore de laboratoire opérationnel, fait tester ses prélèvements en Afrique du Sud, et un réseau de détection de la grippe saisonnière, utilisé face au Covid-19, fédère déjà une vingtaine de pays du continent.

Sans tomber dans l'angélisme, force est de constater que la solidarité semble parfois mieux fonctionner en Afrique que dans certaines régions plus riches, où l'on voit les grands laboratoires veiller jalousement sur leurs découvertes dans l'espoir de pouvoir commercialiser un traitement ou un vaccin. Sans parler d'un Donald Trump tentant de mettre la main sur les brevets des médicaments en cours de développement pour le seul bénéfice (financier) des États-Unis…

À une échelle bien plus locale, on souligne aussi que le fonctionnement communautaire de beaucoup de populations africaines permet de mieux faire passer les messages de prévention, mais aussi de détecter plus rapidement les malades, peu de gens étant susceptibles d'être laissés à eux-mêmes.

La protection indirecte d'autres traitements

Cette hypothèse fait l'objet de vives polémiques, et l'OMS, en particulier, se montre très prudente. Mais certains médecins constatent des coïncidences troublantes : on compterait moins de contaminations au coronavirus dans les pays les plus touchés par le paludisme" ou la tuberculose. Ou dans ceux qui vaccinent massivement leur population avec le BCG.

Le fait d'avoir contracté certaines maladies ferait-il barrière au Covid-19 ? Il faudra du temps pour le démontrer, mais beaucoup de médecins pensent que les traitements antipaludéens comme la chloroquine ont une certaine efficacité. Et comme beaucoup de gens sont traités avec ces médicaments en Afrique, une résistance pourrait exister.

C'est en partie pour cela que le professeur français Didier Raoult, mais aussi des équipes comme celle du Drug Discovery and Development Centre (H3D) de l'université du Cap, testent en priorité des antipaludéens.

L'OMS se montre critique, remarquant que certains pays comme le Burkina Faso, le Nigeria et le Sénégal, où le paludisme fait des ravages, ne sont pas épargnés par le virus. Elle met aussi en garde ceux qui pensent que le vaccin contre la pneumonie peut les protéger, mais incite par contre les populations qui le peuvent à se faire vacciner contre la grippe, la maladie ayant des symptômes proches de ceux du Covid-19.

Une immunité "génétique"

Et si les Africains étaient protégés par leur ADN, qui, pour une raison restant à déterminer, serait plus robuste face au coronavirus ? L'hypothèse est loin de faire l'unanimité – à l'institut Pasteur, Pierre-Marie Girard "ne voit pas très bien pourquoi" une telle spécificité existerait – et demandera du temps pour être explorée.

Le professeur camerounais Christian Happi, spécialiste en génomique, qui partage son temps entre l'université Harvard et le Nigeria, n'exclut pas tout à fait cette possibilité : "Les Africains sont exposés à beaucoup de maladies, donc il est possible que leur organisme réagisse mieux. Il faudra chercher les anticorps pour le savoir, mais c'est possible. Après Ebola, on a vu que beaucoup de gens au Nigeria avaient été exposés à la maladie mais ne l'avait pas développée."

Une autre version du virus

Idée qui se rapproche de la précédente : puisqu'il semble maintenant que plusieurs souches différentes du Covid-9 sévissent sur la planète (jusqu'à huit formes distinctes), peut-être que celle qui est présente en Afrique est moins agressive ? Ce qui pourrait expliquer aussi le fait qu'on semble y recenser plus de cas asymptomatiques qu'ailleurs. L'hypothèse reste audacieuse dans la mesure où le virus est arrivé par des patients l'ayant contracté ailleurs. Aurait-il muté ensuite ? L'OMS n'exclut pas l'idée, mais souligne que pour la valider il faudra séquencer le génome du Covid, ce qui est en cours.

De meilleurs masques

Lorsqu'on l'interroge sur les spécificités qui pourraient jouer en faveur de l'Afrique, Matshidiso Moeti, la directrice Afrique de l'OMS, met en avant le fait que le continent "a une industrie textile très active et compétente", en particulier à Brazzaville, où sont installés les bureaux de l'organisation. Cette particularité permet peut-être à la population de bénéficier de masques en tissu en plus grand nombre et de meilleure qualité que dans certains pays riches, où la pénurie est la règle.

En conclusion, les scientifiques soulignent que ce qui explique sans doute le faible nombre de cas observés sur le continent est, avant tout, le fait que la plupart des pays ont pris très tôt des mesures de protection draconiennes. Et peut-être aussi le fait que la maladie ayant d'abord touché des personnes qui voyageaient, plutôt mieux informées que la moyenne et vivant majoritairement en ville, il a été plus facile d'identifier les premiers cas que lors d'autres épidémies.

Mais la modestie des chiffres continue à étonner, comme le remarque la biologiste congolaise Francine Ntoumi : "Dans certains pays du continent, on mange les chauve-souris, les gens vivent les uns sur les autres… En fait, tout est fait pour que ça explose, mais ce n'est pas le cas." C'est, conclut-elle, aux scientifiques africains de chercher à comprendre pourquoi.


Sante

Ces chiffres du Pr Seydi qui prouvent l’efficacité du ‘’protocole Raoult’’

Par: Thiebeu NDIAYE - Seneweb.com | 02 mai, 2020

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Ces chiffres du Pr Seydi qui prouvent l’efficacité du ‘’protocole Raoult’’

Le Sénégal a très tôt appliqué le protocole de traitement à base d’hydroxychloroquine associée à l’azitromycine proposé par le Pr Didier Raoult pour soigner les patients atteints du nouveau coronavirus. Après près de deux mois de prise en charge, des résultats largement encourageants ont été notés dans l’analyse des données.

En effet, faisant le bilan de la prise en charge, deux mois après le ‘’cas zéro’’, le Pr Moussa Seydi a livré ses observations sur le traitement, tirées d’une analyse rétrospective préliminaire.

« Sur une analyse préliminaire sur 181 patients nous avons observé que la durée médiane d’hospitalisation était de 13 jours chez les patients qui n’avaient pris aucun traitement. Cette durée médiane était de 11 jours chez les patients qui avaient pris de l’hydroxychloroquine seul et de 9 jours chez les patients qui avaient pris l’hydroxychloroquine associée à l’azitromycine. Nous avons aussi observé dans cette analyse des données que les patients qui avaient été consultés tôt et qui avaient démarré leur traitement dans les 24 heures avaient une durée médiane d’hospitalisation de 8 jours », note-t-il.

Pas de complication pour les patients précocement traités à la Chloroquine


Par contre, s’agissant des patients de plus de 80 ans, la durée médiane d’hospitalisation est de 19 jours. D’après le Pr Seydi, les résultats sont encore plus intéressants chez les patients précocement consultés et traités avec de l’hydroxychloroquine. « Aucune complication n’a été notée » chez ces derniers, « encore moins un cas de décès ».

Pour ce qui est des effets secondaires considérables et ‘’dangereux’’ notés ailleurs (en France par exemple), on en note moins au Sénégal. A ce propos, sur une analyse qui a porté sur 362 patients, seuls 12 cas d’effets secondaires ont été observés.

Encore que, signale le Pr Seydi, « parmi ces 12 cas, le traitement était poursuivi malgré tout chez 4 patients parce que les effets secondaires n’étaient pas gênants. Et le traitement a été arrêté chez les autres ».

Mais, souligne le chef du sevice des maladies infectieuses, « tous les effets secondaires étaient modérés, il n'y avait pas d’effets secondaires graves. Tous les signes ont régressé à la fin du traitement ou à l’arrêt du traitement sans nécessiter un traitement supplémentaire ».

« C’est donc dire que nous allons continuer notre prise en charge par l’hydroxychloroquine-Azitromycine », conclut-il.


Economie

"Un confinement total coûterait à l'économie sénégalaise 2.485 milliards FCfa mensuels" (universitaires)

Par: Seneweb News - Seneweb.com | 30 avril, 2020

"Un confinement total coûterait à l'économie sénégalaise 2.485 milliards FCfa mensuels" (universitaires)

Le confinement total a des effets pervers et 29 universitaires à Dakar, ont tenu à en faire la démonstration, dans un rapport publié le 27 avril dernier.

Sous la coordination du Pr Serigne Omar Sarr, pharmacien et enseignant à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie, près d'une trentaine d'universitaires de différentes spécialités ont démontré, dans un rapport, "les effets néfastes du confinement" aussi bien sur le plan sanitaire, économique et social. Le quotidien national Le Soleil qui exploite l'information, renseigne que le groupe de recherche dénommé Gri-Covid-19-Arces, est composé de 29 universitaires dont des pharmaciens, des médecins, des économistes, des biologistes, des sociologues et autres spécialistes.

À l'unanimité, soutiennent-ils, "Un confinement total ne nous paraît pas pertinent dans la situation actuelle". Car, "au Sénégal, et en Afrique, la cinétique de l'épidémie est beaucoup plus modérée qu'ailleurs"…

Et de formuler des interrogations : "Où se trouve la nécessité de ralentir une cinétique qui est déjà très lente avec un système de santé qui n'a jamais été débordé ?". Convaincus sont-ils, que le confinement total pourrait ralentir l'installation d'une immunité collective de la population qui est absolument nécessaire en l'absence d'un traitement clairement identifié pour l'instant.

Dans les colonnes du journal, ces universitaires préconisent d'alléger certaines mesures de restriction collectives et de promouvoir vigoureusement les mesures barrières individuelles qui peuvent être très efficaces et suffisantes si elles sont bien suivies. Ils conseillent également de protéger les groupes à risque notamment les personnes âgées porteuses de comorbidités dans un système de confinement adapté à leur situation, le pic épidémique étant prévu entre mi-mai et début juin après modélisation, écrit Le Soleil.

Quid du coût économique d'un mois de confinement total pour le Sénégal ? Il serait supérieur à 2.485 milliards de FCfa (16% du Pib) et aurait son corollaire en termes de chômeurs et d'augmentation de la pauvreté et d'instabilité sociale et politique, met en garde Gri-Covid-19-Arces.

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Video : [Kaay Job] Masques, gels hydroalcoolique, savons… Quand des artisans locaux se mobilisent


Video : [Kaay Job] Masques, gels hydroalcoolique, savons… Quand des artisans locaux se mobilisent

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Coronavirus : Les masques faits maison sont-ils efficaces ?

Par: Youtube - Le Monde | 16 avril, 2020 à 10:04:03  | Lu 526 Fois |  2 Commentaires

Coronavirus : Les masques faits maison sont-ils efficaces ?

VIDÉO. Les tutoriels pour fabriquer soi-même des masques contre l'épidémie de Covid-19 se multiplient sur YouTube, depuis mars 2020. Les études les plus poussées sur le sujet montrent toutefois que ces masques ne protègent pas du virus (et donc du nouveau coronavirus) ceux qui les portent. Il n’existe aucune preuve scientifique non plus de leur efficacité quant au risque de contaminer l’entourage, car ces masques ne sont pas du tout équivalents aux masques FFP2 ou chirurgicaux.

Alors, faut-il les abandonner ? Voici nos explications, appuyées par les études scientifiques sur le sujet.


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Check-up : La durée de vie du Coronavirus sur les surfaces

Par: Youtube - Seneweb.com | 31 mars, 2020

https://www.seneweb.com/news/Video/check-up-la-duree-de-vie-du-coronavirus-_n_313267.html

https://www.seneweb.com/news/Video/check-up-la-duree-de-vie-du-coronavirus-_n_313267.html

Conarvirus, 19ième du nom : l’amère vengeance de la chloroquine

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L’eusses-tu-cru ? les grands de ce monde obligés de se terrer chez eux pour se protéger d’un lilliputien mal embouché ?

Voilà toute l’Humanité renvoyée à ses classiques, à la fable de la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf et finit par exploser.

Une leçon sur la vanité des hommes dont il faudra tirer tous les enseignements.

Les conséquences sanitaires, économiques et sociales résultant de la surenchère sur la consommation, l’exploitation de la nature, les déplacements, la spéculation foncière et financière se feront sentir pendant des décennies, et rien ne sera plus comme avant.

La fameuse expression « changer de paradigme » tant galvaudée vient enfin de prendre tout son sens.

Au plan social également le bilan sera terrifiant, car le confinement va faire ressurgir les tensions et les conflits familiaux, conjugaux (accroissement de 30% des violences faites aux femmes en France), et ceux qui militent pour la limitation des naissances risquent d’assister à un baby-boom dans 9 mois dont on pourra se demander à quel point il a été désiré, et sera assumé.

Et après une telle hécatombe, comment faire le deuil de tous ces disparus partis dans la tourmente, privés de funérailles dignes de l’affection que leurs proches leur portaient ?

Les dégâts collatéraux risquent fort d’être encore plus dévastateurs que la pandémie, et la résilience tant invoquée devra être au rendez-vous.

Comble de l’ironie ou de la déchéance, ce triste épisode nous aura fait boire le calice jusqu’à la lie en remettant au goût du jour une antiquité jetée sans ménagement dans les poubelles de l’Histoire car incarnant une époque révolue : un petit comprimé d’une taille insignifiante, d’une blancheur fadasse et d’un goût d’une amertume ingrate qui aura traumatisé des générations d’adultes et surtout d’enfants : la chloroquine.

Cet horrible comprimé a régné en maître dans les contrées tropicales où sous les noms de guerre de nivaquine et de flavoquine, il était la référence absolue dans la lutte contre le paludisme.

Il est supposé avoir sauvé des millions de vies au cours de sa longue carrière, mais il en a pris aussi, car à cette époque, il était le principal moyen de suicide, il suffisait d’en avaler une boîte pour passer de vie à trépas dans un sommeil sans fin. Il était plus facile d’en trouver qu’un sabre ou qu’un pistolet : il y en avait à foison dans toutes les maisons et vu son aigreur, contrairement au chocolat, on ne se battait pas pour en épuiser les stocks.

La seule condition de succès, être dégoûté de la vie au point de trouver son arrière-goût plus sympathique que les tourments qui avaient provoqué ces envies de voyage sans retour.

Tombé en disgrâce et remplacé par des molécules de synthèse plus modernes, réputées indolores et sans saveur, il avait été rayé de la mémoire collective et ne représentait plus aucun enjeu commercial, sa formule étant versée dans le domaine public.

Et voilà que dans ce monde moderne mégalomane et boulimique régenté par la finance et le numérique, alors que l’espèce humaine se voit subir le sort des dinosaures, le salut viendrait des tréfonds du passé, sous sa forme la plus archaïque.

C’est comme si pour sauver le monde des extraterrestres, Louis de Funès venait au secours de Schwarzenegger et Sylvester Stallone.

Le gendarme de St Tropez à la rescousse de Terminator et Rambo !

Si le contexte n’était pas si tragique, on se réjouirait du message d’espoir d’un monde nouveau délivré par cet éminent chercheur marseillais, né au Sénégal, défenseur intraitable de la médecine pour tous, inflexible face aux forces politiques et aux puissances de l’argent, qui aura permis d’entrevoir une lueur d’espoir là où les autres y voyaient un marché juteux et une lutte d’influence.

Si par bonheur nous devions en réchapper, les survivants devront retenir la leçon de la sagesse :

« C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes », et

« Il faut user des bienfaits de la planète avec parcimonie et bon escient ».

Dénguema’me !

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Guérisons du coronavirus : Y a-t-il une exception sénégalaise ?

Par: Manon Laplace - Jeune Afrique | 15 avril, 2020 à 19:04:32  | Lu 1212 Fois |  9 Commentaires

Guérisons du coronavirus : Y a-t-il une exception sénégalaise ?

Avec près de 61% de patients guéris, et seulement deux morts en un mois et demi, le Sénégal fait figure d'exception sur le continent. À quoi tient ce "miracle", et peut-il perdurer ?

Deux morts et 60,5% de patients remis sur pied. Avec 314 cas déclarés depuis le 2 mars, dont 190 guéris et sortis de l'hôpital le 15 avril, le Sénégal affiche un taux de guérison record sur le continent. À titre de comparaison, le Maroc, où l'épidémie est arrivée en même temps, n'enregistrait le 14 avril que 11% de patients guéris, l'Algérie 30%, l'Afrique du Sud 18% et le Cameroun 15%.

S'y ajoute le nombre de décès liés au Covid-19, encore très faible, avec deux morts, soit 0,64% des patients, quand le taux de mortalité en Algérie est de plus de 15%.

Ces deux statistiques, "qu'il faut interpréter avec beaucoup de prudence", selon le docteur Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations d'urgence sanitaire (COUS), sous la houlette du ministère de la Santé, semblent toutefois alimenter l'idée d'une exception sénégalaise. Depuis le début du mois avril, le pays voit même son nombre de patients hospitalisés baisser, avec 121 cas sous traitement le 15 avril, contre 143 il y a dix jours.

Pas de mesures sanitaires drastiques

S'il rappelle qu'il est "encore trop tôt pour anticiper l'évolution future de l'épidémie", le docteur Abdoulaye Bousso veut voir dans cette déferlante de chiffres "encourageants" les premiers effets des mesures prises par le chef de l'État. À l'instar de la fermeture des frontières aériennes, décidée le 20 mars, qui pourrait avoir partiellement réglé la question des cas importés de l'étranger, qui, jusqu'ici, représentaient avec leurs contacts 96% des malades, selon le docteur Bousso.

Pourtant, le Sénégal est loin d'afficher les mesures sanitaires les plus drastiques du continent. Il n'est pour l'instant pas question d'un confinement en dehors des heures de couvre-feu, de 20 heures à six heures du matin, contrairement à l'Afrique du Sud qui l'a imposé dès le 26 mars.

Pas d'obligation non plus de porter un masque, comme c'est le cas au Maroc, bien que la mesure soit en discussion. Ni même de mise à l'isolement de Dakar, qui a enregistré 196 cas depuis le début de l'épidémie, contrairement à Abidjan, dont il est interdit d'entrer et de sortir depuis le 29 mars. Quant à la distanciation sociale prônée partout dans le monde, elle ne semble exister que sur les panneaux de sensibilisation ayant essaimé dans les rues de Dakar.

Peu de cas sévères

Comment expliquer ces bons résultats, alors que les mesures sanitaires sont a priori plus souples que dans d'autres pays du continent ? "Le Sénégal a eu très peu de cas sévères et a pris en charge ses patients avec beaucoup de célérité : les résultats des prélèvements sont disponibles dans les 24 heures, tous les patients testés positifs ont systématiquement été hospitalisés, qu'ils présentent des symptômes ou non, et leurs contacts immédiats ont été confinés", résume le professeur Bousso.

Pourrait aussi s'y ajouter le traitement à l'hydroxychloroquine, sur lequel a parié dès le 26 mars le professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de Fann, où sont admis une partie des malades. "Les patients sous hydroxychloroquine guérissent plus vite", avait-il ainsi déclaré lors d'une conférence de presse le 2 avril, bien qu'il n'existe pas encore de consensus médical sur l'efficacité ou la dangerosité des traitements à base de chloroquine contre le coronavirus.

"Nous sommes loin de voir le bout du tunnel", tempère de son côté le professeur Ousmane Faye, en charge du département de virologie de l'Institut Pasteur, qui effectue les dépistages. Car si le taux de guérison est en hausse, le nombre de nouvelles contaminations, lui, reste stable. En avril, les autorités ont recensé en moyenne huit à neuf nouveaux cas par jour.

"Garder en tête que l'épidémie est bien présente"

"L'impression que la courbe baisse ne signifie pas que l'épidémie ne se propage plus", martèle celui qui fût en première ligne dans la lutte contre Ebola et la fièvre jaune sur le continent.

Si la progression reste lente et les cas contacts globalement suivis, l'enjeu est désormais d'endiguer totalement la progression de la pandémie. Une tâche compliquée par la multiplication des "cas communautaires" (ces cas dont la chaîne de transmission n'est pas connue).

"Tant qu'il y a des cas communautaires, cela signifie qu'il y a des patients vecteurs du coronavirus qui ont échappé aux radars, et cela représente un danger", renchérit Lucile Imboua, représentant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Sénégal.

Face à ces cas communautaires et au taux constant de nouvelles contaminations, l'État sénégalais cherche une nouvelle stratégie, conscient que les nombreuses guérisons enregistrées jusqu'ici ne suffiront sans doute pas à éviter la crise. Confinement total, port du masque obligatoire ou dépistage massif sont autant de mesures en débat.

En attendant, "il faut garder en tête que l'épidémie est bien présente, qu'elle continue de se propager et que nous sommes toujours dans la zone chaude. Si le nombre de contaminations est exponentiel, la situation pourrait devenir difficile à gérer", prévient le professeur Ousmane Faye.

Coronavirus, la surprenante résilience de l’Afrique

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Par: mondafrique - Seneweb.com | 11 avril, 2020 à 19:04:44  | Lu 3987 Fois |  20 Commentaires

Coronavirus, la surprenante résilience de l’Afrique

«Le virus pourrait faire des millions de morts en Afrique.» Telle est la prophétie des Nations unies suivie par d’autres prédictions tout aussi anxiogènes des stratèges du Quai d’Orsay, de l’OMS et d’une kyrielle «d’experts» patentés. Pourtant, le feu de brousse prédit ne prend pas, comme l’analyse pour nos confrères de Sputnik Leslie Varenne, directrice de l’Iveris.

Alors qu’elle n’avait pas vocation à être rendue publique, une note diplomatique intitulée «L’effet pangolin: la tempête qui vient d’Afrique?» circule abondamment sur le Net. Cette note provient du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS), un centre directement rattaché au ministre des Affaires étrangères.

On ne badine pas avec la mort…

Dès le titre, qui sied mal à une note diplomatique, le ton est donné et un premier postulat est posé. «L’effet pangolin» consiste à prendre pour acquis le fait que la pandémie se répande en Afrique comme une traînée de poudre. Les auteurs promettent une «onde de choc à venir» et parient sur «le nombre trop élevé de décès».

Les analystes du Quai d’Orsay ne sont pas les seuls à se faire les chantres du catastrophisme. Dès le 18 mars, alors que l’Afrique tout entière ne comptait pas encore 500 cas, l’OMS appelait le continent «à se préparer au pire».

Dix jours plus tard, alors que la propagation du virus ne grimpait toujours pas en flèche, comme tous les «experts» s’y attendaient, le secrétaire général de l’ONU déclarait que «la maladie est en train de se développer rapidement aussi en Afrique, il faut une mobilisation gigantesque». Sans cette mobilisation internationale, sans cette «priorité absolue», Antonio Guterrez craignait donc qu’il y ait «des millions de morts».

Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort. Dans la catégorie «oiseaux de mauvais augure» se trouvent aussi une palanquée d’experts médicaux. Ainsi, le 3 avril, alors qu’à cette date le compteur des cas en Afrique affichait 7.177,  un épidémiologiste en annonçait, lui, 10.000 et déclarait:

«Le coronavirus est en train de se diffuser de façon massive en Afrique», sans  pour autant s’appuyer sur des données précises.

Il aurait eu des difficultés à le faire car l’évolution des chiffres ne montre pas de flambée. Au 13 mars, le continent comptait 200 cas; au 6 avril, les compteurs en affichaient 9.310 pour une population de plus de 1,3 milliard d’habitants. Compte tenu du manque de structures sanitaires, de la promiscuité, des comorbidités existantes et fréquentes –sida, hypertension, diabète–, la vitesse de propagation aurait dû être fulgurante et ressembler à celle des États-Unis. Ces derniers sont passés en un mois, entre le 6 mars et le 5 avril, de 236 cas à 336.673 pour une population quatre fois inférieure à celle de l’Afrique. 

Par ailleurs, toutes ces institutions et tous ces «experts» commettent la même erreur: ils citent toujours l’Afrique comme une entité alors que le continent compte 55 États. Il existe de très fortes différences d’imprégnation du virus entre des pays d’un même continent, ce n’est pas différent en Afrique. Dans ces conditions, évoquer une hécatombe africaine fait preuve, au mieux, d’une grande maladresse.

La nuit n’est pas si noire

Les cinq pays les plus touchés –Afrique du Sud, Algérie, Maroc, Égypte et Cameroun– comptent, à eux seuls, 5.912 cas, soit 70% des infections déclarées. Bien sûr, il est toujours possible d’arguer que les États ne réalisent pas ou peu de tests et donc que les chiffres ne sont pas conformes à la réalité. Cependant, ils ne sont pas les seuls à manquer de tests et aucun pays ne peut se targuer de la plus grande transparence. Par ailleurs, les États africains n’ont aucun intérêt à minorer le nombre de malades car ils comptent sur l’aide internationale qui sera versée aux plus affectés. Enfin, si la maladie se propageait massivement, cela ne pourrait être caché. Comme dans les pays les plus touchés –France, Espagne Italie–, toutes les familles auraient une connaissance ou un parent affecté par le virus, ce qui n’est, encore une fois, pas le cas.

Cela ne veut pas dire, bien entendu, que le coronavirus ne circule pas sur le continent, qu’il ne faut pas s’en protéger, qu’il ne faut pas s’y préparer. Cela signifie seulement que la majorité des pays africains résiste mieux à l’épidémie. Les raisons en sont encore mal connues, plusieurs hypothèses sont avancées: l’immunité grâce aux anticorps acquis pour se protéger des nombreuses bactéries en circulation; la jeunesse des populations; la prise de chloroquine pendant de nombreuses années (même si cet antipaludéen n’est plus utilisé aujourd’hui); le vaccin contre la tuberculose, toujours obligatoire dans nombre de pays africains et qui pourrait, selon des études menées actuellement, protéger du Covid-19. 

Enfin, toujours dans le registre des nouvelles rassurantes, il ne faut pas oublier non plus qu’Ebola est passé par là. Gouvernements et populations connaissent les épidémies et ne sont donc pas totalement démunis. En outre, nombre d’États comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso ont adopté le protocole du professeur marseillais Didier Raoult, associant chloroquine et azithromycine. Dans ces deux derniers pays, des unités de fabrication de chloroquine sont en train d’être lancées.

Les printemps corona?

Malgré tous ces faits incontestables, c’est pourtant sur les prévisions les plus alarmistes que se basent les stratèges du Quai d’Orsay pour bâtir leurs prospectives. À la crise sanitaire s’ajouterait «une crise de trop qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique Centrale)». Comme si le coronavirus allait soulever des tempêtes populaires qui ouvriraient (enfin?) la voie aux alternances en Afrique centrale et balayeraient les pouvoirs illégitimes et honnis.

Ce n’est pourtant pas ce qui se profile. Nombre de «régimes», comme les nomme assez peu diplomatiquement le CAPS, en profitent pour renforcer leur pouvoir en durcissant leurs prérogatives sécuritaires. Le premier danger qui s’annonce est bien celui d’une consolidation des pouvoirs autocratiques plutôt que l’avènement d’un «printemps corona».

La tempête qui vient

Cette note, sa méconnaissance des pays africains, de la résilience des populations, de la solidarité familiale, de la capacité d’adaptation des citoyens devant les difficultés, ses préconisations douteuses comme celle de s’appuyer sur les autorités religieuses ou les chanteurs populaires pour gérer les crises politiques que les auteurs anticipent, a été très mal perçue. 

Tout comme les propos tenus par Jean-Paul Mira, chef de service des urgences de l’hôpital Cochin sur la chaîne LCI. Ce médecin s’est interrogé en direct sur la pertinence de tester le BCG sur les Africains, en suivant la même approche que celle effectuée sur les prostitués contre le sida, et Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm, a acquiescé maladroitement. Cette saillie a soulevé, à juste titre, une montagne de colère et pas seulement sur les réseaux sociaux. Le porte-parole du Président sénégalais Macky Sall a déclaré que les propos tenus dénotaient une «bêtise que je pense congénitale», mais c’est pire encore puisque les deux éminents professeurs souhaitaient tester des vaccins BCG sur une population déjà vaccinée! Peut-être qu’eux aussi méconnaissent l’Afrique.

Leslie Varenne, journaliste d’investigation, est directrice de l’IVERIS (Institut de Veille et d’Etude des Relations Internationales et Stratégiques)

Coronavirus au Sénégal : Touba, le cocktail explosif !

Par: Babacar WILLANE - Seneweb.com | 23 mars, 2020  


Touba est une ville à surveiller de très près, face à la progression communautaire du Covid-19. La capitale du mouridisme a longtemps été un foyer de propagation des épidémies au Sénégal.

À la date du 22 mars 2020, le Sénégal compte 67 cas confirmés de coronavirus, dont plus de la moitié est enregistrée à Touba. Une seule personne a contaminé plus de 20 individus. Aujourd'hui, la situation est assez critique, selon les autorités sanitaires avec 5 régions touchées et la transmission communautaire qui gagne de l'ampleur. Malgré tout, à Touba, épicentre de l'épidémie au Sénégal, on ne semble pas prendre la pleine mesure du danger.À ce jour, il y a encore une partie de la population qui n'est toujours pas convaincue de l'existence de la maladie dans le pays, encore moins à Touba. Les sorties du chef de quartier de Darou Marnane et de certaines célébrités mourides (Mbaye Pekh, Gana Masséré, Selbé Ndom…) constituent des exemples patents.Ce qui est valable pour ces personnalités publiques l'est aussi pour des milliers d'anonymes à Touba. Ils n'ont pas encore vu de malade, disent-ils. Donc, ils ne peuvent pas y croire. Certains affirment même que cette maison de "Modou-Modou" n'est qu'une vue de l'esprit.D'où le cri de détresse du gouverneur de Diourbel, Gorgui Mbaye. "La maladie est bien présente à Touba, il faut que toute la population en soit consciente", a-t-il supplié, le 16 mars dernier, lors d'une campagne de sensibilisation dans la ville de Cheikh Ahmadou Bamba.Pour l'ancien parlementaire Moustapha Diakhaté, la situation est à la fois inquiétante et révoltante. "Les habitants, avec insouciance, continuent de faire comme si de rien était en termes de rassemblements dans les lieux publics tels que les mosquées, mausolées, cimetières, marchés, rues, véhicules de transport en commun et aussi dans les cérémonies familiales baptêmes, funéraires entre autres", regrette-t-il dans une publication sur sa page facebook datée du 20 mars.D'où l'appel de Diakhaté à un confinement de la ville. "Si on confinait (sanitairement et sécuritairement) Touba, on protégerait mieux sa population et le reste du Sénégal avec !", a osé Diakhaté.

Ce que renseigne l'histoire des épidémies au Sénégal :

Hier, encore, à l'occasion du Kazu Rajab, certains fidèles ont fait le déplacement à Touba. Ils se sont rendus au mausolée de Serigne Fallou, contre toute indication des autorités sanitaires, mais aussi en foulant au pied l'interdiction des rassemblements et autres manifestations. On continue à serrer la main de l'autre, à la porter même au nez et à la bouche, à échanger des gobelets de café Touba, sous prétexte que le fondateur du mouridisme a formulé des prières pour la protection de la ville.Pourtant, l'histoire des épidémies au Sénégal montre que Touba a toujours été un foyer de propagation des maladies, surtout à la suite du grand magal. Lors de l'épidémie de choléra de 2004-2005, la capitale du mouridisme a été la zone la plus affectée."En termes de répartition globale, sur les 11 régions du pays, Diourbel et de Dakar ont notifié 66,6% des cas. Les 3 districts sanitaires les plus touchés de la région de Diourbel sont : Touba (6841 cas), Mbacké (2646 cas) et Bambey (1567 cas)", lit-on dans une publication intitulée "Le choléra au Sénégal de 2004 à 2006 : les enseignements d'épidémies successives".

Choléra (2004-2005) : "Le taux d'attaque était au moins 3 fois plus élevé dans la région de Diourbel" :

Durant cette épidémie, 29 556 cas ont été recensés en 18 mois, selon les auteurs de l'article susmentionné. Or, comme le montrent les chiffres en haut, la région de Diourbel à elle seule concentre plus de 10 000 cas, avec une forte prédominance à Touba. "Le taux d'attaque était au moins 3 fois plus élevé dans la région de Diourbel que dans les autres régions", confirme la publication.La prédominance de la maladie à Diourbel et Dakar s'explique, selon les auteurs, par deux facteurs différents. Dans la capitale, la situation a été aggravée par les inondations. Dans le Baol, par contre, ce sont les manifestations religieuses.Ce qui n'est pas une première. Entre 1971 et 1973, le Sénégal avait connu une épidémie de choléra. Mais comme en 2004, le scénario était presque le même. En fait, la maladie a connu plusieurs phases dans son évolution."Les deux premières phases ont été alimentées par des foyers différents : Dakar pour la première phase qui a été vite maîtrisée grâce à une réaction rapide et adaptée des autorités et Touba pour la deuxième phase a été d'une ampleur telle que les services sanitaires, déjà rudement éprouvés par la première vague, ont été dépassés", rappelle l'étude ci-devant citée.

"Nous étions passés de 25 cas par jour, mais avec le pèlerinage, l'épidémie a connu une flambée"

Avec Touba, le boom intervient très souvent après le grand magal. "La célébration annuelle de cet événement constitue un risque d'explosion épidémique récurrente…", concluent les auteurs.Cette affirmation a été confirmée lors de l'épidémie de choléra de 1999. A l'époque, le magal a eu lieu en fin mars. En avril, la situation s'est dégradée. "Nous étions passés de 25 cas à un cas de choléra par jour dans la ville de Touba, mais avec le pèlerinage, l'épidémie a connu une flambée", se plaignait Amadou Moustapha Sourang, alors médecin-chef du district de Touba.Même si le grand magal n'est nullement comparable à aucun autre évènement de la confrérie mouride, il n'en demeure pas moins que la prière du vendredi 20 mars qui a connu une affluence plus importante que n'ordinaire ainsi que le Kazu Rajab peuvent être de puissants vecteurs pour le Covid-19.À ce tableau déjà inquiétant, s'ajoute l'alerte du sous-préfet de Ndam, commune de Touba. "Depuis que la pandémie a commencé à prendre de l'ampleur à Touba, nous recevons des appels de voisins qui nous signalent l'arrivée d'émigrés qui viennent en cachette", avoue Mansour Diallo.

Acte et discours de Serigne Mountakha:

L'autorité se montre inquiétante quant aux conséquences de tels actes. "Si on se cache et qu'on est porteur du virus, c'est grave parce qu'en phase d'incubation, il ne se manifeste pas et au moment où il va être connu, ce sera déjà trop tard puisqu'on aura contaminé beaucoup de personnes", se préoccupe-t-il.Un historien contacté par Seneweb souligne que la particularité de Touba réside dans le fait, entre autres, qu'il y a beaucoup de migrants qui quittent les zones rurales pour habiter dans la périphérie. Souvent analphabètes, ils vivent dans des zones dépourvues de certaines infrastructures de base. "Ce qui fait qu'il y a inégalité non seulement devant la maladie et la mort, mais aussi devant le savoir", indique-t-il.Malgré tout, souligne cet historien, la communauté mouride est connue pour son attachement aux directives du chef. Il suffit juste que le khalife général indique le chemin pour que tout le monde se mette dans les rangs. Serigne Mountakha avait déjà posé un premier jalon en mettant 200 millions dans l'effort de guerre contre le coronavirus. Mais avec sa dernière sortie vendredi dernier où il a déclaré que la maladie ne décide pas de tout, il n'est pas certain que les talibés se sentent obligés à plus de prudence.

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Coronavirus : autopsie d’une catastrophe

Par: jeuneafrique.com - Webnews | 22 mars, 2020 à 15:03:10  | Lu 2130 Fois |  12 Commentaires


Avec la pandémie du coronavirus, nous assistons à une triple faillite européenne – morale, culturelle, idéologique – dont il convient, pour l’Afrique, de tirer toutes les leçons.

L’Europe déclarée « épicentre de la pandémie du coronavirus ». Des pays africains fermant leurs frontières à des voyageurs en provenance de pays du Vieux Continent. Le milliardaire chinois Jack Ma, fraîchement débarqué sur Twitter, qui signe son arrivée en annonçant le départ d’une cargaison de masques et de kits de dépistage à destination des États-Unis, au bord de l’asphyxie sanitaire…

En bouleversant nos certitudes et nos représentations mentales les plus ancrées, la pandémie du coronavirus, qui n’en est pourtant qu’à ses débuts, s’impose d’ores et déjà comme un des évènements majeurs de notre époque. Pour l’Afrique, au moment où le virus se propage dans différents pays, l’équation est à la fois simple et complexe : comment, malgré des ressources souvent limitées, parer au pire s’il advenait ?

À nos gouvernants d’y répondre. Dans l’intervalle, il revient aux technocrates, aux intellectuels et autres stratèges africains d’analyser ce qu’il faut bien appeler l’effondrement des sociétés occidentales.Arrogance teintée d’ignorance

Il y a presque deux mois, lorsque le gouvernement chinois décidait de boucler la quasi-totalité des villes de la province du Hubei (Centre), dont Wuhan, chef-lieu et épicentre de l’épidémie, médias, opinions publiques et gouvernants occidentaux s’esclaffaient à l’unisson. Pourquoi ?

La réponse nous est fournie par Santiago Moreno, chef du département des maladies infectieuses à l’hôpital Ramón y Cajal de Madrid, dans une interview saisissante donnée au journal El País le 14 mars, alors que, devant la gravité de la pandémie en Espagne, le gouvernement espagnol déclarait l’état d’alerte. Sous le choc de l’écroulement du service d’urgences dans lequel il travaillait, le médecin a lâché : « Nous avons péché par excès de confiance. » C’est que la majorité des Espagnols était convaincue que de telles épidémies ne surviennent que dans des pays comme la Chine, et pas dans des « pays comme le nôtre ». Oui, car dans nombre d’esprits occidentaux, la Chine de Xi est celle de Mao, caméras de surveillance en plus. Terrible aveuglement. C’est donc sur fond d’arrogance teintée d’ignorance que le virus de l’insouciance s’est propagé à l’ensemble des sociétés européennes.

Ainsi le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, alors que plusieurs pays asiatiques étaient depuis longtemps sur le pied de guerre et que le coronavirus alignait les morts et asphyxiait les systèmes de santé, le gouvernement espagnol autorisait des centaines de milliers de femmes à manifester gaiement contre le « patriarcavirus ». Le même jour, transcendant le clivage progressistes-nationalistes, le parti d’extrême droite Vox rassemblait lui aussi 9 000 personnes à Madrid. Quelques jours plus tard, le gouvernement espagnol annonçait que l’épouse de Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, qui avait participé à la fameuse marche, était contaminée. Dans la foulée, on apprenait que Javier Ortega-Smith, secrétaire général de Vox, était également infecté. « Une menace qu’on ne voyait pas »

Mais, avant d’arriver en terre hispanique, le virus de l’insouciance était déjà passé par la France. Le 7 mars, en effet, la commune de Landerneau, dans le Finistère, s’enorgueillissait d’avoir ravi le record du monde des Schtroumpfs à l’Allemagne. 3 500 schtroumpfs et schtroumpfettes au compteur ! Deux jours plus tard, les médias annonçaient la contamination de Franck Riester, ministre français de la Culture. Le même jour pourtant, face à l’ampleur de la propagation du virus, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, annonçait le passage de son pays en « zone protégée ».

    " Le libéralisme occidental est aussi un égoïsme "

Mais, en France, l’heure était toujours au relativisme. Après un week-end qui vit les « gilets jaunes » braver le danger et les plus hautes autorités françaises encourager les électeurs à se rendre aux urnes pour le premier tour d’élections municipales maintenues, le président français, dans un revirement étourdissant, annonçait le confinement quasi total de ses concitoyens, dans le cadre de ce qu’il a appelé « une guerre » contre la pandémie. Même rhétorique et mesures similaires, parfois plus dures, en Italie, en Espagne et dans le reste du Vieux Continent.

Que s’est-il exactement passé en Europe ? Dans un remarquable article pour le Boston Globe, le journaliste italien Mattia Ferraresi est catégorique : dans son pays, la faille a été fondamentalement morale : « Beaucoup d’Italiens, moi inclus, n’ont simplement pas vu la nécessité de changer leurs habitudes face à une menace qu’on ne voyait pas. » Pis, quand bien même il avait rassemblé suffisamment d’informations sur le virus, le journaliste admet avoir manqué de « courage moral » : les faits n’affectaient en rien son comportement.Faillite culturelle

Mais la faillite morale n’est pas seule en cause. Elle s’accompagne d’une faillite culturelle. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est en quelque sorte sortie de l’Histoire. Elle a évacué de sa conscience collective toute idée de mort, de chaos, d’incertitude. L’Histoire, pour elle, était un long fleuve de progrès continus et inéluctables. Les pandémies, les catastrophes naturelles, les guerres, c’était pour les autres.

L’Asie, comme d’ailleurs l’Afrique, a une expérience différente du monde. Nous avons une conscience aiguë de la dimension tragique de l’Histoire. Ce qui explique en partie que, dans une région du monde (Taïwan, Singapour, Corée du Sud, etc.), les faits en provenance de Wuhan aient immédiatement modifié les comportements, tandis que dans l’autre ils n’aient eu aucun effet.

Sur le plan idéologique, il apparaît désormais que, en plus d’être un individualisme, le libéralisme occidental est aussi un égoïsme, voire un nihilisme. Plusieurs décennies d’exaltation de l’individu ont émasculé toute notion d’intérêt commun. Le « je » a tué le « nous ». Or le combat contre une pandémie telle que le coronavirus requiert la mise en mouvement de solidarités naturelles que seule permet l’attachement instinctif à une communauté nationale perçue comme transcendant nos intérêts individuels. Nous assistons à une triple faillite – morale, culturelle, idéologique –, dont il convient, pour l’Afrique, de tirer toutes les leçons. Pour l’après.

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Coronavirus : voila pourquoi l'Afrique est moins impactée (SOS Médecins)

Par: Rfi - Seneweb.com | 06 mars, 2020

Au Sénégal, quatre ressortissants européens sont désormais contaminés par le coronavirus. Mais l'Afrique reste beaucoup moins impactée que l'Asie et l'Europe. Le docteur Massamba Sassoum Diop, qui préside SOS Médecins à Dakar, livre son analyse au micro de Christophe Boisbouvier.

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Dr Massamba Sassoum DIOP - Président de SOS Médecin Sénégal

RFI : Quels sont les conseils pratiques que vous donnez aux gens qui nous écoutent ?

Docteur Massamba Sassoum Diop : Ce qui est important, c’est de ne surtout pas s’inquiéter, mais que par contre ce qui est important, c’est lorsqu’on a un problème de type syndrome grippal, c’est-à-dire une toux sèche, éventuellement un mal de gorge avec une fièvre, et qu’on est passé soit par une région du monde où il y avait le coronavirus qui sévissait, soit parce qu’on a été en contact [avec quelqu’un qui est passé par là], à ce moment-là, il y a des numéros qui sont à faire. Et se déclenche à ce moment-là un interrogatoire pour vérifier si oui ou non on est à risque. Et à partir de ce moment-là, une fois qu’on est estimé à risque, il y a un système à domicile qui vient pour faire le prélèvement en sécurité. Le prélèvement est analysé : si c’est négatif, c’est réglé ; si jamais c’est positif, il faut de toute façon rester encore une fois à l’isolement parce qu’il faut comprendre que de très rares patients vont avoir des complications, en sachant que ce ne sont que des personnes affaiblies et âgées qui aujourd’hui sont les victimes de ce virus-là.

Alors pourquoi ce virus est-il plus contagieux que celui de la grippe ?

En fait, c’est sa mutation. Dans l’avenir, ce dont on a le plus peur, c’est un virus extrêmement grave sur le plan clinique qui entraînerait des formes très graves, et qui soit en même temps extrêmement contaminant.

Ce qui n’est pas le cas du coronavirus…

Ce n’est pas du tout le cas du coronavirus. Il n’est pas virulent, il l’est pour les personnes âgées qui ont un problème initialement avant, dans les antécédents de santé. À ce moment-là, ce sont ces personnes-là qui font les détresses respiratoires.

Y a-t-il, comme le dit la rumeur, un traitement qui donne déjà des effets sur les patients ?

Attention. Beaucoup de gens parlent de la chloroquine en disant que le traitement miracle a été trouvé. Il semble que ce soit des concentrations telles que -la chloroquine est toxique pour l’homme à certaines concentrations dans le sang- et il semble que ces concentrations-là soient efficaces sur le virus. Donc, c’est en cours d’études, mais en tout cas, il ne faut surtout pas aller prendre de la chloroquine en se disant « Ça y est, j’ai vu que ça a marché ». D’autre part, les traitements antiviraux classiques sont en train d’être testés actuellement. Et on ne peut pas encore vous dire si ça marche puisque c’est vraiment à l’état d’étude. Donc, en fait, ils sont en train de tester différents types d’antiviraux en attendant de voir lequel marche, et s’il y en a un qui marche. Et en attendant le vaccin. Mais malheureusement, le vaccin, le temps de le concevoir, le temps de trouver la technique, le temps de le tester, le temps de le mettre en place, si on l’a dans 18 mois, on est contents. Mais de toute façon, l’épidémie sera finie depuis longtemps.

Les autorités sénégalaises ont déjà interdit quelques évènements publics : un concert, un gala de lutte… Est-ce que ces mesures vont dans le bon sens ?

Oui. On sait qu’il y a beaucoup de gens qui vont se rencontrer. On va éviter d’avoir une transmission très rapide à beaucoup de gens en peu de temps, qui vont faire saturer les structures d’urgence par exemple de réanimation. Mais en même temps, sans pour autant paniquer la population. Tout est dans l’art de savoir quelles sont les manifestations qui sont le plus à risque, et à ce moment-là, les arrêter.

Donc l’idée, c’est d’éviter que tous les gens qui risquent d’être atteints ne le soient pas tous en même temps ?

Exactement. C’est-à-dire qu’on sait que finalement, ça ne sera pas grave pour tout le monde, mais par contre si c’est tout le monde en même temps, même s’il n’y en a pas au bout en pourcentage tant que ça, ça va saturer les systèmes d’urgence, de réanimation. Et c’est là que ça peut entraîner des morts pour d’autres pathologies. Les patients qui ont eu un accident de la route, qui ont fait un infarctus, qui en fait auraient dû être en réanimation, mais les structures de la réanimation étant pleine de patients qui ont le coronavirus, ils ne pourront pas être pris en charge pour leur pathologie. Donc, c’est ça qu’il faudra éviter, c’est la saturation du système. Puis, bien évidemment qu’on ne se retrouve pas avec par exemple beaucoup de soignants qui soient eux-mêmes infectés et qui seraient eux-mêmes en arrêt de travail, ce qui va faire qu’on n’aura pas assez de soignants pour les patients. C’est pour cela que, tant qu’on peut étaler l’épidémie, il faut le faire.

Alors au Sénégal, les personnes contaminées sont des ressortissants européens qui ont voyagé récemment entre l’Europe et l’Afrique. Du coup, est-ce qu’il faut mettre en place un dispositif particulier pour les voyageurs qui arrivent en Afrique en provenance d’autres continents, comme l’Europe, comme l’Asie ?

Déjà, on comprend bien que du coup, la phase initiale est cette sorte de contrôle qui est fait. Moi-même, j’ai fait plusieurs allers-retours ces dernières semaines, et quand on est arrivés à l’aéroport à Dakar, il y avait un système comme il y en a dans quasiment maintenant un peu tous les aéroports. Un système de caméras thermiques qui permet déjà de savoir, de « discriminer », de savoir si les gens ont de la fièvre et dans ce cas-là, de faire un interrogatoire et de voir s’il faut les isoler. Ça, c’est une chose. La deuxième chose, c’est un questionnaire systématique, c’est ce qui est en train d’être mis en place. C’est-à-dire demander à tout le monde de remplir un questionnaire, et le questionnaire est trié ensuite par les agents de santé à la frontière. Et cela permet non seulement d’avoir les coordonnées si jamais on découvre quelque chose par rapport à un vol, ça permet d’avoir les coordonnées des autres passagers ; et d’autre part, si la personne a coché « je suis passée à tel et tel endroit qui sont des endroits à risque », ça permet de pouvoir aller plus loin dans l’investigation.

À ce stade, l’Afrique est avec l’Amérique du Sud le continent le moins touché par ce virus. Est-ce qu’il y a une explication scientifique ?

L’élément le plus probable, c’est que plus on est loin en termes de voie de communication du foyer, plus ça met de temps pour arriver. Il y a plus de communication entre l’Asie et l’Europe, qu’avec l’Afrique. Donc en fait, il a fallu le temps d’un premier niveau de transmission, donc où cela est passé en Europe, et puis comme il y a plus de liaisons cette fois-ci entre l’Europe, l’Italie, la France, éventuellement les États-Unis et l’Afrique, à ce moment-là, c’est là où ça arrive en Afrique. C’est juste le délai pour le virus pour arriver à voyager. A priori, c’est juste le décalage. Maintenant, on peut envisager aussi qu’il y ait un petit retard dans le diagnostic si le système d’alerte est un peu moins performant dans les pays du Sud que dans les pays du Nord.

Oui, mais au Sénégal, le système de détection est aussi performant qu’en France, non ?

Le système, il faut avouer, moi j’ai été très agréablement surpris quand j’ai vu comment le ministère prenait les choses en charge, et c’est vrai que lorsque nous avons fait ce premier diagnostic, on s’est calé sur l’algorithme du ministère sénégalais de la Santé. Et tout s’est déroulé exactement comme cela aurait dû se faire avec l’isolement de la personne chez elle, le prélèvement à son domicile, l’analyse, la confirmation et à ce moment-là l’hospitalisation. Donc oui, le système de détection a été efficace.

En revanche, il y a peut-être d’autres pays du continent où la détection pourrait être défaillante ?

Oui, il y a forcément des décalages entre les différents pays en fonction de leur niveau. Mais c’est vrai qu’aux États-Unis, ce n’est pas pareil qu’en France, ce n’est pas pareil qu’en Angleterre et ce n’est pas pareil… Donc, il y a forcément des décalages selon les pays.

D’où la nécessité pour tous les pays africains de se protéger et d’empêcher l’arrivée de ce virus

C’est sûr que du coup, la chose la plus efficace, c’est la prévention en amont, donc d’éviter que le virus arrive plutôt que d’avoir à en gérer les conséquences secondaires en réanimation. Mais le tout, sans s’affoler parce que, de toute façon, quand on est dans le ressenti, dans l’émotion, on n’arrive jamais à quelque chose d’efficace.   

L’EMISSION RADIO SPECIALE CORONAVIRUS

L’EMISSION RADIO SPECIALE CORONAVIRUS

“Le Conseil National du Patronat - CNP vous propose d’écouter son émission radiophonique "l'Entreprise Citoyenne", produite en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, diffusée samedi 21 février 2020 de 10h à 11h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM

Elle était consacrée aux mécanismes de prévention et de gestion de la crise sanitaire Covid 19 en milieu professionnel,

Avec les interventions de :

-M. Amadou Massar SARR - Président de la Cellule Hygiène, Sécurité et Environnement du CNP,

-Mme Marie DIALLO - Directrice de la Prévention à la Caisse de Sécurité Social,

-Dr Marème NDIAYE - Présidente de l'Association des Médecins d'Entreprises du Sénégal - AMES,

-Dr Georges DIOUF, Médecin d'Entreprise,

Emission radio du CNP sur le Covid19 Mars 2020Un click sur la flèche ci-dessous - Durée 53 mn

Emission radio du CNP sur le Covid19 Mars 2020

Un click sur la flèche ci-dessous - Durée 53 mn

 

VIDEO : Le coronavirus, description et conseils par le Docteur Gérald KIERZEK urgentiste de SOS Médecin France :

Copier le lien ci-dessous et insérer dans la barre de tâche de votre navigateur puis cliquer sur envoi

https://mail.google.com/mail/u/2?ui=2&ik=8a2e2b98c1&attid=0.1&permmsgid=msg-a:r4694755416840771888&th=170c4797bc7cb26b&view=att&disp=safe&realattid=170c47926b63f953d801

Suite à la confirmation de plusieurs cas de coronavirus au Sénégal, les autorités locales ont instauré des mesures de détection des cas suspects à l’arrivée dans les principaux points d’entrée du pays:  https://sn.ambafrance.org/Coronavirus-2019-nCoV-3295 .

Les personnes souhaitant des renseignements ou nécessitant un soutien médical peuvent contacter les numéros mis en place par les autorités sénégalaises :

Le numéro vert : 800 00 50 50

Le numéro du Samu : 15 15

D’autres mesures sont susceptibles d’être mises en œuvre. Il est fortement conseillé de suivre les recommandations des autorités locales (notamment en matière d’hygiène sur l’ensemble du territoire sénégalais), disponibles sur le site http://www.sante.gouv.sn/Actualites et de consulter le site Internet et les réseaux sociaux de l’OMS.

Rappel des recommandations contre le COVID-19 (coronavirus) :

· Se laver fréquemment les mains avec une solution hydro alcoolique (SHA) ou à l’eau et au savon

· Se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir en cas de toux ou d’éternuement – jeter le mouchoir immédiatement après et se laver les mains

· Éviter les contacts proches avec les personnes qui ont de la fièvre et qui toussent

· En cas de fièvre, de toux et de difficultés à respirer, consulter un médecin sans tarder et lui indiquer les voyages effectués

Au retour d’un pays où des cas de COVID-19 ont été diagnostiqués, il est recommandé de :

• Adopter les bonnes pratiques d’hygiène : se laver les mains régulièrement ; tousser dans son coude ; utiliser des mouchoirs à usage unique

• Réduire les activités non indispensables (cinéma, restaurant, soirées …) et la fréquentation de lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, établissements pour personnes âgées…) ;

• Surveiller sa température 2 fois par jour ;

En savoir plus :

https://www.gouvernement.fr/info-co...

https://solidarites-sante.gouv.fr/s..

http://www.sante.gouv.sn/Actualites

Vidéo: Les conseils pratiques du Dr Boubacar SIGNATE - Médecin Urgentiste à SOS Médecin

Retrouvez-nous sur http:www.igfm.sn

Sante

Coronavirus : Le Pr Moussa Seydi explique comment « le patient 0 » a été guéri

Par: IGFM - IGFM | 10 mars, 2020

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Chef du service des maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier national universitaire de Fann, Dr Moussa Seydi pilote la lutte contre le Coronavirus, qui secoue le monde. Le Sénégal a enregistré 4 cas de personnes infectées du Covid-19, dont l’un, appelé le «patient 0», a été déclaré guéri. Rencontré hier soir dans ses bureaux à Dakar, il revient sur la stratégie du Sénégal pour faire face à la maladie.

Le «patient 0» du Coronavirus au Sénégal a été déclaré guéri. Comment avez-vous réussi à le soigner ?

La guérison de ce patient n’est pas une surprise. C’est un patient qui avait une forme non grave de la maladie. Et c’est un patient qui était aussi très discipliné. Ce qu’il y avait à faire, c’était juste une prise en charge qui respecte les normes pour éviter que le personnel soit contaminé. Et par rapport à cela, nous avons l’équipement qu’il faut. Je voudrais profiter de l’occasion pour rappeler qu’il y a eu, c’est vrai, des décès, plus de 3000 dans le monde, mais les malades guéris sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont décédés. Donc la guérison d’un malade n’est pas un exploit en soi. Il n’y a rien d’extraordinaire par rapport à cette situation.

Vous dites que c’est un patient discipliné, que voulez-vous dire par là ?

C’est un patient qui respectait rigoureusement toutes les consignes. Et dès le début, quand il a senti qu’il avait des signes de la maladie, il a pris des mesures pour protéger sa famille. C’est pour cela d’ailleurs qu’aucun membre de sa famille n’a été infecté. Donc il était là, suivait les consignes, respectait les prescriptions. C’est un patient très facile à suivre, qui n’a posé aucun problème. Quand vous prenez en charge un patient qui n’accepte pas de suivre les conseils, cela peut poser des problèmes.

Donc le comportement du patient est important ?

Absolument. Vous pouvez prescrire un traitement à un malade et ce dernier peut refuser de le prendre. Il peut vous dire qu’il a pris son traitement et quand vous vérifiez, vous remarquez que cela n’a pas été le cas. Ce sont des choses qui arrivent. Nous avons des malades hospitalisés, qui déclaraient prendre leurs médicaments, mais après vérification, vous voyez les médicaments sous leur lit. Donc, le comportement est important.

Peut-on dire, après ce patient guéri, que le Sénégal a un traitement spécifique pour le Coronavirus ?

Non, pas du tout. C’est pour cela que je veux insister sur le fait que nous n’avons rien fait d’extraordinaire. C’est vrai que j’ai une équipe compétente, dévouée, engagée, je suis très heureux d’avoir une équipe pareille, ils sont très consciencieux. Tout a été fait dans les règles, dans les normes. On souhaite que tout se passe bien, mais même si un cas ne se passait pas bien, nous aurions la conscience tranquille. Parce qu’en médecine, il y a ce qu’on appelle l’obligation de moyens, mais pas d’obligation de résultats. Cette équipe a fait tout ce qu’il fallait faire pour tous les malades. Mais tout ce qu’on a fait, ce sont des choses qu’on peut faire partout. Je ne veux pas du tout qu’on pense que nous avons appliqué un traitement sénégalais. Il n’y a pas de traitement sénégalais de la maladie. Ce qu’on a fait pour ces malades, cela peut se faire dans n’importe quel centre de santé quand il ne s’agit pas d’un cas grave. Le seul problème qui se poserait, c’est le fait de respecter toutes les procédures, d’avoir tous les équipements qu’il faut, parce qu’il y a un circuit à suivre pour le malade et un circuit pour le médecin. Il y a une manière de s’habiller, de se déshabiller, de faire des désinfections, il y a une chronologie à respecter dans cette désinfection au cours de nos visites auprès du malade, et nous faisons ces visites avec le service d’hygiène. Donc, c’est une prise en charge très lourde, qui s’accompagne de beaucoup d’autres choses, mais le traitement en lui-même n’est pas complexe. Même si c’est un malade grave, qui ne peut pas respirer, on utilise une machine pour l’assister. C’est un traitement symptomatique, qui est important, il faut l’avouer, parce que pour des cas graves, si vous ne faites pas le traitement symptomatique correctement, le malade peut facilement mourir. Donc un bon traitement symptomatique permet de réduire les risques de décès. Le traitement symptomatique est souvent prioritaire sur le traitement contre le virus lui-même. Juste pour dire que ce n’est pas un miracle, c’est naturel. Regarder le nombre de décès et le nombre de cas de contamination dans le monde, vous verrez que généralement, les gens guérissent. Il y a beaucoup de décès en Italie, en France, en Chine, c’est parce qu’ils ont beaucoup de cas. Donc, c’est logique.

Avec l’épidémie de maladie à virus Ebola, vous aviez réussi à guérir le seul cas que le Sénégal avait connu, aujourd’hui encore, vous avez guéri un patient du Coronavirus, quel est votre secret ?

Il n’y a pas de secret. Le traitement est le même partout dans le monde entier. Pour ce cas, c’est un sujet qui est jeune, donc la létalité est basse, elle est de 0,2% chez les personnes de cet âge. A 80 ans, le risque est de 14%. Donc, le risque de décès n’était pas énorme. On ne dira pas qu’il n’existe pas, puisqu’on a donné un taux, mais il est bas. Ensuite, le patient n’avait pas d’autres maladies, il n’avait pas de diabète, d’hypertension artérielle ou d’insuffisance rénale etc. Pour tous les malades, on les traite en fonction de la symptomatologie, ce n’est pas un traitement compliqué. Ce qu’on fait, c’est respecter toutes les procédures et ne commettre aucune faute médicale. C’est cela qui est important pour le médecin. Le médecin, on le juge à travers sa capacité à prodiguer les meilleurs soins du moment, avec les meilleurs moyens possibles. Maintenant, quand ça évolue bien, tant mieux, parce que c’est cela notre objectif. Mais on ne peut pas considérer l’évolution favorable d’une pathologie, qui est en général guérie, comme quelque chose d’extraordinaire.

Et s’il s’était agi de la forme la plus grave de la maladie, est-ce que vous avez le nécessaire pour prendre en charge les malades ?

Oui, nous avons le nécessaire. Mais pour les formes qui nécessitent une respiration assistée, nous voulons avoir notre propre matériel. Par exemple, ceux qui ont besoin d’une machine pour respirer, si nous devons les prendre en charge, nous serons obligés d’utiliser les machines des autres services de l’hôpital comme le service de la réanimation. Mais la commande a été faite pour que nous ayons notre propre matériel. Ce sont des équipements très lourds, nous le comprenons, mais nous voulons avoir tout sur place. Même s’il y avait des cas graves, les machines existent.

Si vous deviez faire la comparaison entre le Coronavirus et Ebola, que diriez-vous ?

Cela va être difficile de comparer les deux maladies. Sur le plan de la gravité, on ne peut pas les comparer. Parce que la maladie à virus Ebola peut tuer jusqu’à 90% des personnes infectées, plus d’une personne sur deux, meurt. Alors que pour le Coronavirus, en règle générale, sur 100 malades, ce sont deux à trois personnes qui meurent, selon les dernières statistiques. En Europe, c’est un patient sur 100 qui meurt. Donc on ne peut pas comparer ces deux pathologies quand on se base sur la létalité. L’autre chose, c’est qu’en règle générale, la maladie à virus Ebola s’accompagne de signes cliniques qui peuvent être sévères, parce que pouvant nécessiter une hospitalisation, alors que pour cette maladie, dans 80% des cas, ce sont des signes qui peuvent, c’est vrai, nécessiter une hospitalisation, mais qui n’engagent pas le pronostic vital du malade. Mais là où on a des difficultés avec le Coronavirus, c’est que la possibilité de transmission est beaucoup plus rapide. La maladie à virus Ebola est extrêmement contagieuse, mais la propagation de la maladie à Coronavirus est beaucoup plus rapide. Si on a un ou deux millions de cas, même avec une létalité de 0,2% ou de 1%, ce sera beaucoup de morts. Je ne veux pas qu’on néglige cette maladie à Coronavirus, mais la comparaison n’est pas possible.

D’aucuns disent que le virus ne résiste pas à la chaleur, raison pour laquelle il n’y a pas beaucoup de cas en Afrique et plus précisément au Sénégal, que répondez-vous à cela ?

(Rires) Il ne faut pas se rassurer avec ça. On disait que la maladie à virus Ebola, c’était en Afrique centrale, mais c’est venu en Afrique de l’Ouest, la dengue, on disait que c’était en Asie, mais c’est venu chez nous. Donc il ne faut pas se focaliser sur cela et prendre les précautions qu’il faut. La preuve, nous avons des cas au Sénégal, même si ce sont des cas importés. Donc on n’en sait rien, c’est peut-être vrai, mais nous n’avons pas de preuves. Considérons donc que le danger est là et prenons nos précautions. Il y a des choses que nous ne savons pas encore sur la maladie.

Qu’en est-il de l’état des trois autres patients ?

Les trois cas évoluent très bien, je ne veux pas me focaliser sur une personne en particulier, parce qu’il faut respecter la confidentialité. Mais ils sont tous les trois en voie de guérison et nous n’avons absolument aucun sujet d’inquiétude. A l’heure où je vous parle, tout évolue de manière excellente, mais en médecine, on est toujours prudent dans les pronostics. On ne peut pas dire ce qui va arriver demain, mais ce serait une très grosse surprise pour nous de voir une complication de quelque nature que ce soit chez ces patients. Aussi bien les examens cliniques que les examens de laboratoire, montrent des éléments très favorables. Donc on n’est pas du tout inquiets.

Quand vont-ils sortir ?

On ne peut pas donner de date exacte, chaque malade a sa manière d’évoluer. Mais en règle générale, c’est dix jours. Certains guérissent en une semaine, d’autres en dix jours, en moyenne.

Après l’annonce de la guérison du «patient 0», les gens ont beaucoup applaudi, est-ce que cela ne va les pousser à négliger la prévention ?

C’est possible, et c’est pour cela que la communication doit être claire. On ne doit pas banaliser une maladie. En règle générale, ce n’est pas une maladie qui tue, dans 80% des cas, il n’y a pas des signes de gravité, et dans les 20% restants, c’est peut-être 5% qui auront besoin d’assistance respiratoire. Et on ne sait pas quel malade va évoluer vers ce stade. Donc il ne faut pas minimiser les mesures à prendre, c’est une maladie qui tue. Minimiser cette maladie serait une erreur grave et fatale. Il faut prendre les informations telles qu’elles sont, rassurer la population, ne pas être dans l’angoisse et la panique, parce qu’il n’y a pas de raison de s’angoisser ou de paniquer. Mais il ne faut pas prendre cette information pour un appel au laxisme, ce serait gravissime, on ne doit pas être négligeant. Il faut intensifier la surveillance.

Des acteurs de la santé ont dénoncé un certain laxisme de la part des autorités dans la gestion de cette épidémie, et également un manque de moyens, êtes-vous du même avis ?

Je suis au niveau de la prise en charge, je n’ai pas une vision globale de tout ce qui se passe. Mais pour moi, ici à l’hôpital Fann, il n’y a pas de laxisme. Parce que ce dont j’ai besoin pour travailler, je l’ai en quantité suffisante. Il y a une pénurie d’équipements de protection, mais nous en avons suffisamment, nous avons les désinfectants dont nous avons besoin, le ministère a recruté du personnel en plus pour notre service, nous avons la possibilité de d’étendre le centre de traitement, de 12 à 36 lits en moins d’une semaine, les machines de ventilation, qui coûtent excessivement cher, ont été commandées, et il y a d’autres projets sur lesquels on travaille. Donc en ce qui nous concerne, il n’y a pas de laxisme. Nous avons même commencé une formation des formateurs. Quoi qu’il en soit, il faut toujours améliorer, il y a toujours de petites choses à parfaire, mais nous avons l’essentiel. Tout est au point pour la prise en charge des patients.

Un conseil pour les populations ?

Je leur dis que s’il n’y a pas beaucoup de cas au Sénégal et s’il n’y a pas de transmission locale, on peut toujours être rassuré. Mais le fait d’être rassuré ne doit pas entrainer le laxisme en matière de précautions individuelles et collectives, comme dans les grands rassemblements. Si aujourd’hui on organise un événement qui va rassembler beaucoup de personnes, des gens qui viennent de France, d’Italie et d’ailleurs, cela peut créer une flambée. C’est maintenant qu’il faut se battre, et insister sur la prévention. C’est quand on a un cas qu’il faut tout faire pour que ça s’arrête là, et non se glorifier et relâcher les mesures préventives.

SOPHIE BARRO et ADAMA DIENG

Du Professeur Gilbert DERAY, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris :

"Coronavirus, attention danger, mais pas celui que vous croyez.
Depuis 30 ans, de mon observatoire hospitalier, j’ai vécu de nombreuses crises sanitaires, HIV, SRAS, MERS, résurgence de la tuberculose, bactéries multi-résistantes, nous les avons gérées dans le calme et très efficacement.
Aucune n’a donné lieu à la panique actuelle.
Je n’ai jamais vécu un tel degré d’inquiétude pour une maladie infectieuse et d’ailleurs pour aucune autre.

Et pourtant, Je ne suis pas inquiet quant aux conséquences médicales du Coronavirus. Rien dans les chiffres actuels sur la mortalité et la diffusion du virus ne justifie la panique mondiale sanitaire et surtout économique.
Les mesures prises sont adaptées et efficaces et elles permettront le contrôle de l’épidémie. C’est déjà le cas en Chine, foyer initial et de loin le plus important de cet agent infectieux, ou l’épidémie est en train de s’éteindre.

L’avenir proche dira si je me suis trompé.

Par contre,
• Je suis inquiet des vols de masques et que ceux nécessaires à la protection des personnels soignants et des personnes à risque, nos anciens et celles déjà malades, en particulier les patients immunodéprimés, soient distribués pour une efficacité nulle dans les aéroports, les cafés et les centres commerciaux.
• Je suis inquiet des vols de gels nettoyants.
• Je suis inquiet de ces rixes pour acheter du papier toilette et des boîtes de riz et de pates.
• Je suis inquiet de cette terreur qui conduit à faire des stocks obscènes de nourriture dans des pays où elle est disponible dans une abondance tout aussi obscène.
• Je suis inquiet pour nos anciens déjà seuls et qu’il ne faut plus ni voir ni toucher de peur de les tuer. Ils mourront plus vite mais « seulement « de solitude. Nous avions l’habitude de ne pas rendre visite à nos parents et grands-parents si nous avions la grippe, pas de les éviter « au cas où » et pour une durée indéterminée, ce n’est en rien différent pour le coronavirus
• Je suis inquiet que la santé ne devienne un objet de communication belliqueuse et de conflit comme un autre, alors qu’elle devrait être une cause ultime de lutte dans le rassemblement.
• Je suis inquiet que notre système de santé, déjà en grandes difficultés, soit prochainement débordé par un afflux de malades au moindre signe de syndrome grippal. Ce sont alors toutes les autres maladies que nous ne pourrons prendre en charge. Un infarctus du myocarde ou une appendicite ce sont toujours des urgences, un virus rarement.

La couverture médiatique sur le coronavirus est très anxiogène et elle participe à l’affolement de chacun.
Cela conduit aux théories du complot les plus folles du genre, « ils nous cachent quelque chose ». Rien n’est obscur, c’est impossible en médecine dans ce monde du numérique ou la connaissance scientifique est immédiate et sans filtre.

Le coronavirus ne tue (presque) que les organismes déjà fragiles.
Je suis inquiet que ce minuscule être vivant ne fasse que dévoiler les immenses fractures et fragilités de nos sociétés. Les morts qui se compteront alors par millions seront ceux de l’affrontement des individus dans l’indifférence totale de l’intérêt collectif."

Professeur Gilbert DERAY, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris

Henri Joël Tagum Fombeno

Docteur en Droit du Travail et de la Protection Sociale · 

CORONAVIRUS : CHÔMAGE TECHNIQUE, TÉLÉTRAVAIL, CONGÉS, … ! QUELLE EST LA MARGE DE MANŒUVRE DE L’EMPLOYEUR ?

L'épidémique du coronavirus occasionne des répercussions impensées dans la vie des États, les amenant à prendre des mesures drastiques (confinement, fermeture des écoles, ...) pour stopper sa propagation. Elle entraîne également de nombreux bouleversements dans la vie des entreprises et des salariés du fait du ralentissement de l'activité.

Face à cette situation, que peut faire un employeur ? Plusieurs options se présentent : mise en chômage technique, recours au télétravail, mise en congé, etc.

§ Le chômage technique

En cas de baisse d'activité, le recours au chômage technique peut être envisagé. Le chômage technique peut prendre plusieurs formes : une diminution du temps de travail ou une fermeture temporaire de l'entreprise. En Afrique francophone, tous les codes du travail ont prévu ce mécanisme. Ces codes indiquent également le traitement salarial durant cette période. Il est donc possible à l’employeur de recourir au chômage technique dans le contexte de cette épidémie.

§ Le télétravail

Avec la propagation du coronavirus, le télétravail semble désormais une solution à privilégier. La principale difficulté est liée au fait qu’en Afrique francophone, le télétravail n’est pas réglementé par les codes du travail. En dehors de quelques rares pays comme le Maroc, le télétravail s’est imposé clandestinement dans nos sociétés. Dans cette situation, pour éviter toute difficulté, il faut faire un avenant au contrat de travail afin, d’une part, de permettre le recours au télétravail et, d’autre part, de l’encadrer. Attention ! Il est important de se faire accompagner par un spécialiste pour s’assurer que l’avenant respecte la législation sociale en vigueur.

§ Les congés : congés payés, congés sans solde, congés maladie

La véritable question ici est celle de savoir si l'employeur peut imposer un congé à un salarié. Il faut faire la distinction entre le congé payé, le congé sans solde et le congé maladie.

S’agissant du congé payé, sur le plan juridique, il est difficile d’imposer un congé au salarié avant l’échéance. Suivant plusieurs conventions collectives, il est possible de modifier la date initiale de départ en congé, mais en accord avec le salarié. Toutefois, étant dans le domaine social, des négociations sont toujours possible.

Concernant le congé sans solde, l'employeur, qui par mesure de précaution, dispense le salarié de l’exécution de son contrat de travail est obligé de maintenir sa rémunération.

Un salarié mis quarantaine du fait du Covid-19 bénéficie du régime de protection applicable en cas de maladie. Il percevra, selon les cas, une indemnité journalière de maladie.

#coronavirus
#droitsetobligations
#tagumjoel

Dr Henri Joël TAGUM FOMBENO
Spécialiste en droit du travail et de la protection sociale

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Contribution

Le Sénégal : la stratégie de l’esquive face au coronavirus

Par: Dr. Diom Wouro Bâ - Seneweb.com | 14 mars, 2020

https://www.seneweb.com/news/Video/coronavirus-au-senegal-les-fake-news-den_n_311545.html

La propagation vertigineuse du coronavirus (covid 19) et son cortège de victimes dans les pays les mieux outillés au monde en termes de plateaux techniques médicaux, ont fini de convaincre que cette pandémie requiert des réactions énergiques rapides. En 24 heures, un pays comme l’Italie a enregistré 250 morts.Il ne s’agit pas de verser dans la panique et la psychose mais de faire face au fléau proportionnellement à sa dangerosité. La plupart des pays du monde ont une claire perception de cette réalité et agissent en conséquence.Il est établi que parmi les facteurs favorables à la dissémination du virus, figurent en bonne place les grands rassemblements. Si certains Etats sont allés jusqu’à fermer les écoles et universités, interdire les messes dans les églises ou encore les prières dans les synagogues, si l’Arabie Saoudite ferme ses portes aux pèlerins du monde en suspendant la omra et envisage de ne pas organiser le hajj en 2020, c’est précisément parce que la gravité de la situation l’exige.Pendant ce temps, l’Etat du Sénégal fait dans l’attentisme. Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale va voir le Khalife général des mourides pour lui parler, mais se garde de lui dire l’essentiel. Le Chef de l’Etat se tait.Il faut savoir faire la part des choses : les confréries et l’église jouent, certes, un rôle important dans notre société, son fonctionnement et son équilibre, mais il existe des domaines qui relèvent des prérogatives exclusives de l’Etat.Lorsque, comme c’est le cas aujourd’hui, la sur/vie des citoyens est en jeu, l’Etat n’a besoin de l’autorisation de personne pour prendre des décisions que tout citoyen, sans exception, doit respecter, sous peine de sanction.Le Chef de l’Etat doit s’adresser aux Sénégalais et leur dire avec courtoisie mais fermeté que tous les grands rassemblements, y compris religieux, sont interdits jusqu’à nouvel ordre. Ainsi, préciser sans ambages que le Daaka, l’Appel des Layènes, la Magal, le Gamou, le Kazu Rajab et les ziarras sont suspendus jusqu’à la maîtrise de la calamité.Bien entendu, l’Etat doit solliciter l’accompagnement des guides religieux et d’autres porteurs de voix (médias, ONG, etc.) qui peuvent jouer un rôle très important dans la sensibilisation des citoyens. Je demeure convaincu que ces guides religieux sont des patriotes soucieux du bien-être des populations de notre pays. Il s’agit donc de leur faire comprendre la pertinence des mesures que l’Etat décide de prendre.Dans le contexte actuel, les conseils précieux dont l’Etat a besoin et sur lesquels il doit fonder ses décisions, sont ceux que donnent les experts, notamment les techniciens de la santé (nos vaillants médecins et infirmiers, l’OMS, etc.). Evidemment, d’autres acteurs doivent être pris en compte : spécialistes de sciences sociales, environnementalistes, etc.Je ne perds pas de vue ni ne sous-estime la mobilisation du gouvernement et de nos structures sanitaires dans la lutte contre la maladie. Le Sénégal a des compétences et une expérience avérées dans le domaine de la médecine. L’école de médecine de Dakar n’a-t-elle pas célébré ses cent ans d’existence il y a quelque temps ? Mais cela ne devrait guère occulter que notre plateau technique reste encore faible. D’où l’enjeu de mettre l’accent sur la prévention. Il ne faut pas se voiler la face : tant que c’est quelques dizaines qu’il faut traiter, notre système sanitaire pourra se débrouiller tant bien que mal. Mais si les malades diagnostiqués positifs devaient se compter par centaines, comme ailleurs – Dieu nous en garde - , ce serait la catastrophe.Monsieur le Président, l’heure est grave.Nous ne sommes pas contre un pouvoir pédagogue, mais, là, en ce moment, nous avons besoin d’un pouvoir fort qui transcende les états d’âme.Attention, DANGER !

La représentante de l’Organisation mondiale de la Santé au Sénégal explique et alerte

Par: JOTNA TV - Seneweb.com | 14 mars, 2020 

Dr Lucile IMBOUA - rEPRESENTANTE DE L’oms AU seNEGAL

Dr Lucile IMBOUA - rEPRESENTANTE DE L’oms AU seNEGAL

Par: Seneweb News - RFI | 18 mars, 2020 à 13:03:14  | Lu 30350 Fois |  30 Commentaires

La durée de vie du coronavirus enfin connue ?


De récentes analyses permettent d'en apprendre davantage sur la durée de vie du virus. En effet, l’Institut américain de recherche sur les allergies et les maladies infectieuses s’est penché sur la question de la survie du Covid-19 sur différents supports.

Commençons par ce que les scientifiques appellent les « aérosols », c’est-à-dire les micro-gouttelettes en suspension dans l’air, le virus peut y être détectée 3 heures après leur projection. Plus simplement, un malade qui éternue ou tousse sans se protéger la bouche, comme il l’est recommandé, diffuse autour de lui ces fameuses gouttelettes… infectées pendant trois heures.Concernant les surfaces maintenant, la même étude montre que le Covid-19 résiste 4 heures sur du cuivre, 24h sur du carton et jusqu’à 2 ou 3 jours sur du plastique ou de l’acier inoxydable. Au début de l’épidémie, avant ces nouvelles études, on ne parlait que de quelques heures de survie.D’où l’utilité de désinfecter régulièrement des surfaces comme les poignées de porte, les boutons d’ascenseur ou encore les bureaux d’entreprises. De l’eau de javel ou de l’eau et savon suffisent.Les scientifiques américains ont comparé ces durées de vie à celles du Sras. L’épidémie avait affecté plus de 8 000 personnes à travers le monde entre 2002 et 2003 et provoqué la mort d’un peu moins de 800 personnes.

La durée de vie des deux virus similaire, dans l’air ou sur les surfaces.

Il s’est avéré que le mode principal de transmission du Sras était les échanges humains, surtout les expectorations, toux et éternuements. Mais le Covid-19 est bien plus contagieux. Les experts n’en concluent pas pour autant que la transmission via des surfaces est plus importante que pour le Sras.En Chine, une équipe a étudié le cas d’un immeuble où 7 personnes, travaillant dans des bureaux différents et n’ayant pas eu de contacts directs, étaient tombés malades. Leur hypothèse : les toilettes communes pourraient être la source d’infection, via de la matière fécale.Il ne s’agit encore que d’hypothèse mais elle rappelle l’importance de désinfecter les lieux de passage et surtout de se laver les mains et d’éviter les contacts humains.

La contagion particulièrement élevée du Covid-19 par rapport au Sras est-elle liée à son temps d’incubation ?

Si le Sras n’est transmissible par un malade que 4 ou 5 jours après l’apparition des premiers symptômes, le coronavirus l’est dès le début. Dès les premières toux, fièvre ou difficulté respiratoire. Et même parfois, chez certains patients, avant même qu’il ne sente souffrant. D’où la difficulté à enrayer la propagation du virus. La quarantaine, c’est-à-dire dans le cas du Covid-19, 14 jours d’isolement, ne suffit pas à écarter les risques de transmission.

Le confinement, le moyen le plus efficace pour ralentir la propagation du virus.

En Italie, ça y est, la courbe semble s’adoucir. La hausse du nombre de cas est de 13%. Elle était de 19% samedi dernier. Tout le pays est confiné depuis une semaine, mais dans certaines zones qui le sont depuis plus longtemps, 3 semaines au moins, il n’y a pratiquement plus de contamination. En France, les effets ne vont donc pas se ressentir tout de suite.En raison aussi du temps d’incubation de la maladie. Il est de 6 jours en moyenne avant que les symptômes n’apparaissent et il peut aller jusqu’à une douzaine de jours. Ce n’est donc que dans un peu moins de deux semaines que nous saurons si limiter au maximum les déplacements et les contacts aura permis d’enrayer la propagation du coronavirus en France.

Contribution

La diaspora, bouc émissaire tout désigné de la pandémie en Afrique !

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Par: Samir Bouzidi - Seneweb.com | 27 mars, 2020


A chaque épidémie, son coupable et la crise en cours du coronavirus en Afrique n’échappe pas à ce schéma qui n’avait déjà pas épargné les ONG étrangères l ors de la tragédie de l’Ebola en 2014. Et cibles de la vindicte populaire dans la plupart des 45 pays africains atteints à ce jour par le COVID -19, les « émigrés » de retour au pays sont aux premiers rangs.

Il faut dire qu’avec moins de 2500 cas et 62 morts (au 26 mars), l’Afrique est pour l’instant relativement épargnée dans l’actuel tsunami mondial mais le spectre d’une prochaine catastrophe sanitaire inquiète les autorités et fait monter les angoisses chez les populations. Ainsi, les bulletins sanitaires quotidiens largement médiatisés dévoilant le nombre d’infectés sont parmi les plus suivis, partagés et commentés sur les réseaux sociaux. Et un chiffre particulier cristallise à lui seul la psychose montante et l’agressivité vis-à-vis des immigrés : le nombrede cas « importés » qui selon les pays africains représentent pour l’heure 70 à 100% de la population totale des infectés. Loin de fournir toute la pédagogie nécessaire et suscitant même ces amalgames, les autorités et les médias ne prenant que trop rarement la peine d’expliquer ce que renferme réellement les « cas importés » : touristes, expatriés installés dans le pays, autochtones de retour au pays et bien entendu la diaspora.

Et avec chaque communication, s’ensuit la même salve de violence vers ceux que l’on affuble péjorativement « Modou-Modou » au Sénégal voire même de « sorciers » en Côte d’Ivoire. Une stigmatisation qui est à son comble au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Tunisie ou l’avancée de l’épidémie y est régulière ! Signe du climat délétère, la presse sénégalaise a relaté la plainte déposée dans un commissariat de Dakar pour diffamation d’un Sénégalais de la diaspora à l’encontre de ses voisins, accusant ces derniers d’avoir fait courir la rumeur dans le quartier que lui et sa famille étaient infectés par le COVID-19.

En l’absence de chiffres précis sur le retour des diasporas dans leur pays d’origine sur la période pandémique, on a tout de même observé une accélération des départs à partir du 10 mars soit après ces deux mesures phares arrêtées dans les principaux pays européens affectés : fermeture des écoles (à partir du 09 mars en France) et surtout le confinement total (à partir du 09, 15 et 17 mars respectivement en Italie, Espagne et France). A l’image du départ massif des Parisiens en province pour confinement, beaucoup ont d’abord voulu se rapprocher de leur famille au pays d’origine et/ou pensant se mettre à l’abri au « pays » face à une maladie qu’ils perçoivent comme frappant surtout les autres. A leurs décharges, ni les pays européens ni les compagnies aériennes n’ont vraiment entrepris de sensibiliser ces passagers quant aux risques de disséminations à l’étranger par exemple en rendant le test de dépistage obligatoire avant d’embarquer. Les autorités des pays d’origine ne sont pas en reste avec une impréparation logistique certaine de la mise en quarantaine et/ou le retard dans l’adoption de stratégies d’accès plus restrictives.

« Les larmes ne se voient pas sous la pluie ! » (proverbe bambara) et à en juger les nombreuses réactions apitoyées des membres des diasporas sur les forums, quelque chose s’est brisé chez une communauté en mal de reconnaissance (et d’intégration) qui en a marre de n’exister que par son argent. Et ce ressentiment face à ce qu’une majorité perçoit comme du racisme populaire « anti-immigrés » est attisé par la frilosité des autorités à prendre publiquement leur défense et organiser les rapatriements pour une toute petite minorité d’entre eux (étudiants, retraités…) désireuse de rentrer au pays. Un décalage d’amour et de moyens qu’ils sont plus à même de mesurer au quotidien en présence des dispositifs européens et américains qui eux ont lancé des appels sans équivoques à leurs concitoyens à l’étranger et charteriser des flottes d’avions pour les rapatrier. Enfin et surtout, que penser du quasi silence en Afrique autour des nombreux morts de la diaspora frappés par le virus dans les pays européens et américains ? Pas ou trop peu de reconnaissance et de compassion des pays d’origine vis-à-vis de familles endeuillées brutalement et obligées pour des raisons sanitaires d’inhumer leurs défunts sur place…

Espérons que cette épreuve ne laisse pas de traces pour l’avenir et notamment à l’heure où les diasporas redeviendront incontournables pour sortir de la crise et relancer des économies exsangues. On pourra toujours s’en remettre à la sagesse africaine et se dire sérieusement les choses car ici « Une blessure qu'on cache ne cicatrise jamais !». Le ramadan arrive à point pour cela…

Samir BOUZIDI
Expert en mobilisation des diasporas africaines
CEO Impact Diaspora

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